La neige, la neige, la neiiiiiige ! Berlin s'est enfin couvert de neiiiige ! Y'en a plein, partouuuut !
Oui, j'aime la neige. Et pour cause: Berlin sous la neige change de visage. C'est une autre ville qui se dessine. Tous les sons deviennent étouffés, comme si l'on marchait dans du coton et le gris de Berlin disparait; sous les rayons du timide soleil hivernal, quand il y en a, font scintiller les flocons. La capitale allemande ralentie, les gens avancent avec précaution sur les trottoirs gelés, les voitures roulent avec plus d'attention, et les vélos fous se font rares. Pour cette balade dans Berlin enneigé, j'ai choisi de vous montrer la vie des Berlinois, les rues, les gens, le tram... sous la neige.
En hiver et sous la neige, les Berlinois préfèrent prendre les transport en commun et les voitures peuvent rester plus de trois mois dans la rue sans bouger. Les raisons? La difficulté de rouler par temps enneigé, l'obligation et le prix des pneus neige et les rares places de parking dans une ville qui fait tout pour rendre la vie des automobilistes compliquée. Les transports en commun berlinois ont l'avantage d'être très bien chauffés, de très bien desservir la ville et de revenir moins cher.
Rails du tram berlinois après la première chute de neige
Bonnet de Berlinois couvert de neige à une station de tram
Station de S-bahn berlinoise extérieure sous la neige. A remarquer que les S-bahn n'ont aucun problème à rouler avec de la neige sur les rails. Qu'est ce qu'on aimerait ça, à Paris, hein !
En hiver Berlin se retrouve souvent complétement englué dans un brouillard épais, gris et froid. Pendant des jours, la Fernsehturm (tour de la télé), emblème de Berlin, peut disparaitre dans les nuages.
Vue d'une fenêtre sur le temps brumeux et enneigé de Berlin
En hiver, Berlin couvre la plupart de ses sculptures de petites maisonnettes en bois, pour les protéger du froid et éviter qu'elles ne se dégradent. De même, les fontaines sont éteintes, pour éviter l'éclatement des tuyaux.
L'exemple ci contre est la Märchenbrunnen, soit la Fontaine des Contes de Fées, à l'entrée sud-ouest du Volkspark Friedrichshain.
Neige ou pas neige, les berlinois font leur footing dans le parc, couverts de vêtements, écharpe devant le nez. Des courageux, ces gens, moi, même en été, je cours pas !
Les Allemands sont ingénieux. Quand les rues de Berlin se remplissent de ces petites machines oranges qui déblayent les trottoirs. D'un largueur d'environ 2 mètres, les machines passent et repassent à chaque chute de neige. Les brosses à l'avant rejettent la neige de chaque côté tandis que le réservoir, derrière, éparpille sur le sol des cailloux ou du sable afin d'éviter que les trottoirs ne gèlent et que les passants glissent et tombent. Ces machines existent pour tout: les routes, les trottoirs, mais aussi les quais de S-bahn...
Feuille gelée
Famille devant le lac gelé de Volksark Friedrichshain
Cimetière enneigé dans Berlin Mitte
Photo à 13 heures Berlin Prenzlauer Berg - le soleil est déjà très ras
Et vous, il neige dans votre ville? Vous aimez la neige?
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Réverbères à Gaz: un héritage historique berlinois
En marge du Festival des Lumières de Berlin se joue une bataille que le grand public ignore. Sous les spots gigantesques et les animations lumineuses qui ornent la Porte de Brandenburg, personne ne fait attention à l'éclairage public – pourtant, les réverbères sont en plein spots au Sénat Berlinois.
A l'instar des pavés parisiens, les becs de gaz de Berlin font partie du charme de la capitale allemande. La ville compte près de 44 000 becs de gaz, dont certains âgés de plus d'un siècle. Cela représente tout de même plus de la moitié des lampadaires à gaz existant dans le monde. Pour ceux qui sont familiers avec la ville, on les retrouve beaucoup sur l'île aux musées, mais aussi dans quasiment toutes les rues de Berlin ouest.
Les becs à gaz berlinois sont un peu les gondoles des Vénitiens et les bus impériaux de Londres. Rescapés des deux guerres pour certains, ils représentent tout le charme allemand et leur savoir-faire industriel. Des berlinois se sont réunis en association pour défendre l’éclairage de leur ville: Gaslicht-Kultur e.V. essaie de mobiliser les troupes contre le projet de loi.
Les réverbères berlinois: un patrimoine qui coûte cher
L'agurment avancé par le sénat de Berlin pour l'arrêt de l'éclairage au gaz est le coût engendré pour la ville en terme financier et écologique.
La lumière des réverbères à gaz est incandescente et contribue certes au charme de cette ville (oui oui, j'abuse un peu du mot "charme"), mais c'est en moyenne 546 euros par an et par réverbère que la ville dépense, contre 43 euros pour un éclairage électrique. Petra Rohland, membre du Sénat Berlinois, estime ainsi que plus de 3 millions d'euros pourraient être économisés chaque année (et avec ça, ils pourraient p'têtre raccorder ma rue à la fibre optique, non?)
Quant au rendement des lampadaires à gaz, il reste plus que médiocre: un lampadaire à gaz, c'est près de 1 000 watts dépensés pour un éclairage modeste, là où l'électricité n'a besoin que de 27 watts. Et ce, sans compter les coûts de production et d'acheminement des deux énergies. L'argument avancé en faveur de l’éclairage au gaz, mise à part son patrimoine historique tellement précieux, c'est que la lumière des réverbères à gaz est
plus douce que celle produite par l’électricité, et présente le double avantage
de ne pas éblouir les gens ni d’émettre de rayonnement ultraviolet pertubant
pour les insectes.
En 1990 le sénat avait déjà essayé de faire passer une loi en force pour moderniser les lampadaires à gaz, mais avait dû céder devant la pression des berlinois. Cela va-t-il encore une fois être le cas?
Vingt ans après la chute du Mur de Berlin, la différence entre Berlin Ouest et Berlin Est est encore visible de l'espace
25 millions pour moderniser l’éclairage au gaz
C’est ce que coutera le projet pour la modernisation des 8400 lampadaires inclus dans ce programme et devrait être rentabilisé sous 5 ans. SelonJutta Matuschek, responsable des transports et députée de gauche, cette solution suffirait à faire les économies les plus importantes, pour l'instant. Mais l'association Gaslicht-Kultur e.V., ne l’entend pas de cette oreille.Pour eux, le projet coûterait largement plus !
C’est le bras de fer entre ces deux là, d’ailleurs: Gaslicht-Kultur e.V. se défend à coup de sites Internet, de pétition en ligne (si vous voulez signer d'ailleurs, c'est ici) et de publications soutenant que la plupart des Berlinois tiennent à leur éclairage au gaz. Pour être honnête, aucune sondage ne soutient cet argument, mais admettons.
Cette situation rappelle le désastre de l’aéroport de Tempelhof: en 2008, un réferendum à Berlin avait montré à quel point les Berlinois ne voulaient pas détruire ce bâtiment de l’aéroport. Sous pression de l’opinion public, le bâtiment a été épargné. Maintenant, il est completément à l’abandon et rien n’en est fait, même si les pistes d'atterissage ont été transformée en superbe et gigantesque parc.
Même histoire avec les lampadaires à gaz: les allemands y tiennent, mais en attendant, ça coûte un bras à financer – et Berlin est pauvre!
Alors, où en est le débat sur les lampadaires à gaz à Berlin?
Pour Sénat, l'affaire est classé: les lampadaires au gaz doivent être abattus. Pour Gaslicht-Kultur e.V., il doit être maintenu. Cette association prévoit même d'aller demander à l'UNESCO la classification des réverbères berlinois au registre des sites du patrimoine mondial.
Une situation tendue sur fond de crise financière, ce qui n'améliore rien à la situation. Une solution pourrait cependant émerger avec la technologie Braun, qui fournit des pièces de rechange. Cette société a en effet développé des diodes compatibles avec les vieux lampadaires à gaz et qui émettraient la même lumière douce, tout en restant économiques et écologiques. Peut-être un moyen de concilier l'héritage du passé avec les besoins du présent?