S'approvisionner en porduits français à l'étranger

Comment faire, combien ça coûte, à qui s'adresser? Toutes les réponses ici !

Notre Dossier sur Berlin et les Livres

Embarquez les 10 meilleurs Guide de Berlin dans votre aventure Outre-Rhin

Itinéraires berlinois

Rainbow Berlin vous donne ses conseils de visites pour voir Berlin autrement !

Envie d'aventures excitantes dans Berlin ?

Rainbow Berlin vous emmène visiter Berlin autrement: brasserie abandonnée, dépot de trains à l'abandon, Eisfabrik...

Ecrivez sur Rainbow Berlin

La plume vous démange? Vous avez des choses à dire? Rainbow Berlin cherche de nouveaux rédacteurs! Pour les détails, c'est par ici !

mercredi 1 mai 2013

Un rallye librairies à Berlin

Librairies berlinoises

Vous vous rappelez de mon amie, Dame de CDI de jour et bloggeuse de nuit, qui avait fait un article sur Rainbow Berlin pour la journée franco-allemande? Oui? Hé bien elle m'a lancé un défi il y a quelques mois: celui de faire un rallye librairie à Berlin à l'instar de celui qu'elle a fait sur son blog, à elle. Soit, en d'autre termes, montrer où et comment, dans la capitale allemande, moi, petite Française bouquinivore, j'assouvie ma soif de lectures. Bon, maintenant, on est quatre mois plus tard, et je prends enfin le temps (enfin !), entre deux recommandations de balade dans Berlin ou de visite de lieux abandonnés, de lui répondre. Oui, j'ai un peu honte...

Alors, où lire à Berlin? Où trouver des livres en Français dans la capitale allemande? Où retrouver l'ambiance feutrée et poussiéreuse des librairies de notre enfance (ou de notre imagination)? 
La question est d'autant plus légitime qu'il semble que Berlin soit devenue la Capitale de résidence Ecrivains (oui, avec des capitales, parfaitement !), comptant dans ses rangs des sommités françaises comme Marie NDiaye, prix Goncourt 2009. Je vous passe la longue liste, mais en tout cas, Berlin, par sa liberté, par son passé, par son ambiance, séduit de plus en plus d'écrivains (mais ils sont nazes, ils habitent en majorité à l'Ouest de Berlin, ils ont rien compris, c'est fou ça ! Faudrait qu'ils viennent me lire).

En attendant, voici le résultat de mon rallye librairie berlinois - ou plutôt les résultats de mon rally où-que-je-lis-quoi-et-où à Berlin. Parce que justement, il n'y a pas que des librairies où on peut trouver des livres, à Berlin !

L'arbre à livres: le Bücherwald de Prenzlauer Berg

Rien de mieux que l'échange de livres pour rendre heureux. Et c'est exactement ce que propose le Bücherwald de la Srezdkistrasse, en plein milieu du quartier bobo de Prenzlauer Berg. L'association berlinoise Baufachfrau a installé des étagères à bouquins dans des rondins de bois pour offrir à tout venant, des livres gratuitement, à prendre au grès de ses envies. Si on y trouve beaucoup d'ouvrages en allemand, quelques livres en français et en anglais se glissent assez souvent au milieu de la sélection (je le sais d'autant plus que c'est moi qui les y mets). Et comme on n'a pas non plus le choix du sujet, on se laisse aller à essayer ce qui en temps normal n'aurait pas attiré notre attention: traité de sociologie, recueil d'éducation parentale des années 80, livre scolaire crayonné... 
A l'occaz, on y met les livres qui ne nous servent plus chez nous, et hop, la boucle est bouclée. Une librairie à définitivement inscrire parmi les lieux insolites berlinois à visiter !

Adresse
Bücherwald
Sredzkistraße 48 Ecke Kollwitzstraße
10435 Berlin

La petite librairie berlinoise francophone Zadig

Librairie française à Berlin
Zadig est la référence berlinoise en matière de librairie francophone. Et je comprends pourquoi: cette petite Buchhandlung, située dans une rue tranquille de Mitte, pas loin du boulevard bruyant de Friedrichstrasse, a un assortiment de livres en français très fournis. Ils sont tout partout, ces livres, et on sent qu'ils sont aimés et choisis avec soin. Beaucoup d'ouvrages sur Berlin, bien évidemment, et on y retrouve tous les guides de voyages sur Berlin que je vous ai recommandés. L'ambiance du lieu est tranquille, pour peu qu'on y aille un samedi, juste quelques cris d'enfants dans la cage d'escalier et le murmure de conversations en français dans l'arrière-boutique. Des étudiants allemands demandent leurs livres scolaires en français, avec un accent vraiment craquant. Le propriétaire des lieux fait très hipster dans son gilet à rayures et pour peu que vous commenciez la conversation, vous pourrez avoir des débats intenses sur l'avenir de l'industrie du livre, la digitalisation des ouvrages et des réflexions philosophiques sur le rôle d'un libraire. Juliette, tu devrais définitivement le rencontrer !

Adresse
ZADIG französische Bücher, livres en français
Linienstrasse 141
10115 Berlin

Le café-librairie: ocelot

Lbrairie-café à Berlin
Cette librairie berlinoise est une de mes préférées pour une raison, et une seule: en plus de son activité de vente de livres, ocelot est... un café. Rien de plus agréable que de siroter un Late Macchiato, enfoncé dans les coussins des larges banquettes ou sur les bancs de bois installés au soleil derrière la verrière, avec un bon livre qu'on vient de prendre sur les étagères de la librairie. Et de prendre tout son temps.
J'aime me rendre au ocelot en début d'un samedi après-midi, m'assoir sur la banquette ci-dessus (merci de ne pas me piquer mon spot si vous passez) et de piocher dans la riche sélection de livres pour enfants, un café brûlant à portée de main - que j'oublie de boire, plongée dans les livres de contes et autres histoires de princesses. Un petit retour en enfance bienfaisant et bienvenue dans mes journées chargées d'adultes (oui parce que j'appartiens à cette espèce rare de gens qui ont un boulot à Berlin!)
Malheureusement, peu de livres en Français, chez ocelot, et on regrette aussi leur sélection un peu maigre dans la littérature anglophone. Mais leur café est bon, alors ça compense !

Adresse
Ocelot, Not yet Another Bookstore
Brunnenstraße 181
10119 Berlin

La référence des librairies berlinoises: Dussman

Dussman, c'est l'usine à gaz des librairies berlinoises, l'équivalent de notre FNAC des Halles parisiennes, à nous, Français. Le Dussman berlinois est situé dans le quartier fancy de Mitte, sur la Friedrichstrasse, à deux pas de la Porte de Brandenburg. L'entrée, sous des arcades de marbre, voit toujours quelques artistes de rue, des joueurs de saxophone, une chanteuse d'opéra, un gamin au violon, venant quémander, contre un peu de musique, quelques pièces à la foule compacte qui s'engouffre par les portes.
L'espace est organisé sur quatre larges étages et par thématiques. Quelques livres en français peuvent être trouvés au second, les guides de voyage au dernier, les livres enfants au premier.  Et comme à la FNAC, personne ne vous mettra dehors pour commencer à lire, assis, dans l'une des allées. Dans l'arrière cour, une petite maisonnette séparée du reste de la librairie accueille des tonnes d'ouvrages en anglais pour tous les âges: du fameux livre pour enfants All My Friends Are Dead à des présentoirs thématiques, comme celui ci-contre sur Pride and Prejudice, en passant par les Block Buster du moment, la librairie anglaise de Dussman est réputée pour son très très large choix et ses prix bas.
Mais Dussman, sous le slogan "Born to be Kult", vend aussi des cd, des films, des DVD, des cartes de réduction pour visiter Berlin, la ClassicCard, des cartes géographiques, des cahiers, des stylos, des livres audios, des papiers cadeaux... bref d'un peu de tout, quoi !
Le méga plus de Dussman: c'est la seule librairie encore ouverte à 23h30, même le samedi !

Adresse
Dussmann das KulturKaufhaus GmbH
Friedrichstraße 90
10117 Berlin

Mais aussi...

Berlin est championne des installations temporaires; les librairies berlinoises ne manquent pas à l'exception. Destockage, vente sur les marchés aux puces, librairies spécialisées dans des sujets aussi improbables que la gastronomie yougoslave, vente de seconde main, point de rachat de livres... de nouvelles enseignes et de nouveaux concepts de librairies éclosent chaque année dans Berlin, et ferment tout aussi rapidement, ou déménagent ou changent d'activité. En bas de mon immeuble, la petite librairie qui vendait des livres de seconde main est très typique de ce phénomène: librairie en 2010, elle est passée par restaurant chinois, Spätkauf pour finir par être un magasin de produits pour bébés, Prenzlauer Berg oblige.

C'est souvent dans ces librairies d'un jour, bercés par l'éphémère, que nous trouvons notre bonheur.


C'est quoi, vos bons plans librairies, à vous?




vendredi 19 avril 2013

Le Service Volontaire Européen: les déboires et les espoirs d'une jeune Française

Service volontaire EuropéenJustine est arrivée en Allemagne en 2012 suite à une rencontre fortuite lors d'un forum des métiers - comme quoi, ça sert effectivement à quelque chose, d'y aller. Du Bade-Würtemberg à Berlin, Justine vous raconte son expérience du Service Volontaire Européen, programme soutenu par la commission européenne et qui offre la possibilité à des jeunes de 18 à 30 ans de participer à l'une des actions menées par les organismes référencés. L'objectif est de "développer la solidarité et de promouvoir la tolérance, la compréhension mutuelle et l'engagement citoyen", dixit le site internet du Service Volontaire Européen. On retrouve beaucoup de thématiques afin que chacun puisse apporter à son CV, et surtout  à soi-même, une expérience enrichissante. 

Service Volontaire Européen: je me lance à l'aventure !

En début d’année 2012, je suis allée à un forum des métiers afin d’y trouver une formation BTS. Je me suis arretée par un ( heureux hasard ) à un stand "Maison de l’Europe". A la base, je voulais continuer mes études dans l’international. Ce stand présentait ses activités et notamment le Projet Volontaire Européen. Après avoir pris connaissance de toutes les informations, j’ai rencontré la responsable de la Maison de l’Europe de Laval (53) et décidé par la suite de me lancer dans cette aventure.

Le temps de remplir tous les formulaires, de trouver un organisme d’accueil et le jour J est arrivé: départ de Laval  le 06 septembre 2012 pour une arrivée à Sankt Georgen, en Allemagne, le même jour. Sankt Georgen, c’est une petite ville située dans la Forêt Noire et les Alpes, au sud-ouest, dans la région du Bade-Wurtemberg.

Partir pour l'Allemagne

Aux oubliettes, les cours de Français...

Premières impressions assez positives, la famille d’accueil est très charmante, très accueillante et l’école où je vais travailler me paraît géniale. Mais je déchante de jours en jours.  J’étais censée travailler en étroite collaboration avec le professeur de la classe, inventer des cours de français, niveau basique du genre "Bonjour, ça va ?" ou leur apprendre les chiffres de 1 à 10, les couleurs.

Ca ne s’est pas passé comme je le souhaitais. Une sensation de ne pas être à ma place, non seulement je m’ennuie, mais en plus je me prends des remarques désobligeantes. En effet, cette école est libre. C’est-à-dire que si l’enfant ne veut pas travailler, il ne travaille pas. Les punitions ? Ce mot n’existe pas dans leur language. Mon "objectif" d’après le directeur se résumait à : "Observer, Aider et s’Intéresser à". En gros, aux oubliettes mes cours de français.

Ma famille d'accueil: j'avais l'impression d'être dans une secte

Habiter dans le Baden-WürtembergAu bout de deux mois et demi, je ne m’adapte vraiment pas à ma famille. Ils sont végétariens, ils mangent qu’une fois par jour et pratique une religion appelée "Bahia". Pour ma part, j’avais plutôt l’impression d’être entraînée dans une secte. De plus, je n’ai toujours aucune responsabilité au sein de mon école. Cerise sur le gateau, je me retrouve dans des cours d’allemand niveau A1 alors que j’avais obtenu mon niveau B1 en passant mon baccalauréat..

Quelques semaines plus tard je change de famille. Je me retrouve chez une grand-mère adorable où je peux manger de la viande, je peux regarder la télé et je peux fumer sans interdit ! J’ai passé mes 2 derniers mois d’hiver au chaud dans son magnifique appartement. Une anecdote de plus, cette grand-mère était partie à l’anniversaire d’un de ses petits-fils et je me suis retrouvée seule à l’appart. Manque de bol, une inondation chez la locataire du haut, je me suis retrouvée en pyjama, à genoux sur l’évier et tenant une serviette au plafond en attendant les pompiers.

Je suis malade, donc je suis virée

Habiter dans le Baden-WürtembergEn octobre, me voilà sur le billard, opération d’urgence des dents de sagesse. Les 4 d’un coup, autant dire que j’ai déchanté au maximum. J’ai été arreté un mois suite à une infection après l’opération. Ensuite, durant les quatre mois suivants, j'ai été quatre fois malade : grippe, bronchite, angine... Bref, j’ai tout attrapé !
Début décembre, les secrétaires de l’école viennent à l’appart m’annoncer que je suis virée. Eh ouais ! Mon travail ne les satisfait pas. Elles me disent que je dois rentrer à la fin de semaine en France.
Les arguments (mauvais dirai-je) étaient du genre "Tu ne fous rien, tu n’aides pas les élèves, tu ne prends aucune initiative". C'est l'hôpital qui se fiche de la charité !

  • J’ai voulu mettre en place avec les enfants une espèce de pancarte expliquant les relations franco-allemandes. Ils n’ont pas voulu. 
  • J’ai voulu mettre en place, un calendrier de l’avent, une seule élève sur trente m’a aidé. 
  • J’ai mis en pratique mes cours de français: de sept élèves au début, je suis passée à une seule élève en à peine quelques semaines. 
  • J’ai proposé de faire des plats typiques français, on m’a donné comme excuse "la cuisine ne fonctionne pas"; même le midi, la secrétaire faisait cuire des pizzas pour ses enfants...
Bref. Petit temps de déprime. Que faire? Rentrer en France, abattue et déçue?
J’appelle mon ancienne professeur d’allemand en France, pour lui dire que tout est fini, que je rentre en France dans la semaine. 

La route cahoteuse vers Berlin

Et là, un ange me passe au dessus de la tête. Elle se met en relation avec un de ses contacts qui elle aussi se met en contact avec une autre relation basée à Berlin. A la base, elle m’avait trouvé un stage dans une école franco-allemande berlinoise pour une durée de 4 mois. Elle avait aussi trouvé une famille à coté de l’école qui avait besoin d’aide pour les enfants. Tout était pris en compte, mon stage restait mon activité principale. Parfait !

Habiter à Berlin

Arrivée à Berlin, cette famille me propose en fait un travail 24/24h, en tant que fille au pair. Je n’ai finalement fait qu’un remplacement de 2 semaines à l’école en tant qu’assistante de français, au lieu des 4 mois initialement prévu, la prof étant revenue plus tôt que prévue. L’école devait me recontacter. J’attends toujours.

A vous dire, les allemands sont très désorganisés...

Je suis jeune fille au pair à Berlin

Fini les mauvais plans, cela fait maintenant 4 mois que je travaille dans ma famille comme jeune fille au pair et tous se passe, enfin, merveilleusement bien. Les enfants sont adorables, Louise a 4 ans, Clara 6 ans et Alma 7 ans.

Jeune Fille au pair à BerlinMa journée type: je commence à 7h20 pour aider Clara et Alma à se préparer pour aller à l’école. Si Louise est réveillée, on prend tout notre temps pour se préparer; si elle ne l’est pas, je la réveille vers 8h. Mon but personnel est de la laisser se réveiller seule et de profiter d’elle chaque matin. Elle doit être à 9h15 au jardin d’enfant.
Ensuite, je me débrouille pour que la maison soit bien rangée avant mon départ ou alors je reviens pour nettoyer. J’ai quartier libre jusqu’à 15h, donc en général, je révise mes cours de grammaire allemande, ou alors je sors, je me perds dans la capitale, je rencontre des gens, je profite des plaisirs nombreux et variés de la capitale
A partir de 15h, je suis la meilleure des nounous ! Je m’amuse avec la petite. Dès que les plus grandes rentrent, je prépare le diner, je fais les douches, les devoirs, et dodo maxi 19h30. Mon travail terminé, je prends 5 minutes de pause. Je me sers un bon verre de vin, je fume une clope. Ensuite je range la maison à fond, jusqu’à l’arrivée de mes patrons (vers 21h mininum).

Je profite de Berlin - enfin !

Le week-end, je suis plutôt soirée mondaine, je troque mon jeans-sweat, par une tenue plus... sophistiquée et je m’amuse jusqu’à 8h du mat dans les boites les plus branchées de Berlin... Je tente les concerts aussi, j’ai essayé du Balkan Musik. Ce n’est pas mon style, mais ça vaut le détour, au moins une fois !

Visiter Berlin

Ce que j’aime plus particulièrement, c’est le samedi après-midi à la Porte de Bradenburg, des stands culturelles sont mis en place et on rencontre des gens de n’importe quel horizon qui font des choses incroyables... Récemment, je suis tombée sur un groupe de Street Dance, phénoménale !
Mes premières impressions : je vis un rêve ! Il y-a toujours quelque chose à visiter à Berlin, on s’adapte facilement aux plans de la ville pour éviter de se perdre, on essaie toujours de nouvelles choses et on rencontre énormément de gens.

J'en aurais mis du temps, mais je l'ai enfin, mon expérience allemande positive !





lundi 15 avril 2013

Se balader à Marzahn - et pourquoi pas?

Le quartier berlinois de Marzahn
Marzahn, ce quartier au nord est de Berlin, à quelques encablures du ring berlinois, a mauvaise réputation: repère de nazis, racisme, homophobie, pauvreté, chômage endémique... Quasiment aucun Berlinois n'y met les pieds en dehors des habitants de Marzahn - et encore moins les non-berlinois; autant dire que Marzhan n'existe absolument pas pour les guides de visite, même les plus insolites!
Alors quand j'ai proposé à ma moitié, après l'échec de l'exploration urbaine du cinéma abandonné de Sojus, d'aller à la découverte de ce quartier de Berlin peu connu, l'accueil a été moyen. Mais vu que c'était aller à Marzahn ou faire du reste de sa journée un enfer, la décision a été vite prise.

Loin des clichés véhiculés, j'ai été surprise par cette visite impromptue et j'espère bien vous communiquer mon enthousiasme pour mon nouveau terrain de jeu urbain.

Un projet urbain révolutionnaire et moderne

Marzahn est un quartier berlinois sorti des champs dans la fin des années 70. Le but de ce projet d'aménagement urbain était ambitieux:
faire de Marzahn un modèle de la politique de la RDA en fournissant une qualité de vie exemplaire à 100 000 camarades chanceux. Constitué comme centre de vie, chaque détail fût pensé: électricité courante, circuit de chauffage et d'eau chaude, crèches et écoles, centre commerciaux, supermarchés, usines où travailler... toute une vie à portée de main pour les habitants des 62 000 appartements qui sortirent de terre entre 1977 et 1981.
L'architecture des bâtiments y est très typique de cette époque et vous transporte dès la plateforme du S-Bahn 7 dans la période la plus faste de la RDA: de chaque coté de la Marzahner Promenade, de grands bâtiments blancs, très carrés, d'une vingtaine d'étages, avec leurs petits balcons et leurs gigantesques parking pleins à leurs pieds, sont alignés de façon géométrique et parfaite. Ces immeubles, sans originalité ni signe particulier, se décuplent presque à l'infini. 

Sur la gauche, le EastGate Einkaufshalle, le centre commercial dont la salle de cinéma fût une des raisons de la fermeture du Sojus, étale toute sa modernité au milieu des immeubles aux petits airs surannés. La Marzahner Promenade rejoint bientôt la fameuse Landsberger Allee, une des avenues les plus longues de Berlin: plus de 10 km de long, de l'Alexander Platz à l'extrème Est de Marzahn. Une avenue très communiste: très large, bordée d'arbres menus mais parfaitement espacés et alignés, avec, en son centre, les rails du tram, elle fût, à l'instar de la Karl Marx Allee, construite pour pouvoir laisser passer, si nécessaire, troupes et tanks.

L'impression générale qui se dégage, c'est celui de l'immensité. Rien, dans ce quartier de Marzahn, ne fût fait en petit. 

Le vieux centre médiéval de Marzhan préservé

L'église du vieux MarzahnAvant la construction de ces grandes barres d'immeubles toutes semblables, Marzahn n'était qu'un petit village entouré de champs. Il est difficile de s'imaginer, en remontant la gigantesque Landsberger Allee, ce petit hameau, ses quelques cheminées, son relief plat sur lequel poussaient quelques graines.

Difficile? Non, pas tellement en fait. Car sur la droite de la Landsberger Alle s'ouvre bientôt une petite rue, la Alte Marzhan. Et là, surprise: lampadaire à l'ancienne, rue pavée, petites maisonnettes en pierre, avec petit jardin, volailles et potager, le out regroupé autour d'une petite place, avec vieille église et deux carrés de pelouse, où, à la faveur d'un rayon de soleil, quelques crocus ont décidé de sortir le nez de terre, on tombe sur le Vieux Marzahn, sur ce village médiéval installé ici depuis l'an 1300. On passe, en trois pas, de l'immensité de l'architecture communiste des années 70 à un petit village typique et modeste. Les vrombissements des voitures remontant la grande artère toute proche meurent et c'est un calme de campagne (tout relatif, certes) qui nous accueille. La claque. Le changement est surprenant.

Autre différence: les odeurs. Si dans la Landsberger Allee, ça sent la neige fondue et les pots d'échappement, dans la Alt Marzahn, ça sent plutôt la ferme et la terre humide. Pour cause, au bout de la rue, derrière l'église, se trouve la Kinderbauerhof de Marzahn: la ferme éducative où s'ébattent moutons, chèvre et oies et qui font la joie des petits berlinois s'agrippant aux grillages mouillés. L'association berlinoise qui entretient le lieu a pensé à tous les détails: machines agricoles et bottes de paille sont entreposés en pleine rue, entre deux aires de jeux pour enfants. Le tout est surplombé d'un vieux moulin restauré, rappelant le passé agricole du quartier. 

Animaux à la Kinderbauernhof de MarzahnKinderbauernhof de Marzahn

La réalité sociale de Marzahn

Le moulin restauré du vieux Marzahn

Visiter Marzahn ne doit pas faire oublier la réalité sociale de ce quartier berlinois. Frappé de plein fouet après la réunification par le chômage et la perte d'allocations, ce sont plus de 35 000 berlinois qui ont fuit ce quartier qui les avait vu grandir pour tenter leur chance à l'Ouest.
Aujourd'hui encore, Marzahn porte les stigmates de cette crise qu'elle a traversé (et traverse toujours). A l'oeil attentif, il est aisé de voir que les bâtiments auraient besoin d'un bon ravalement de façade, que les voitures stationnées sur les parkings ne sont pas toutes récentes, les petites annonces pour des demandes et des offres de travail précaire sont plus nombreuses que dans les autres quartiers de Berlin. Certaines barres d'immeuble sont complètement vides de toute vie et des gens usés attendent aux stations de Tram. On sent que le tissu social s'est relâché ici. 
Pas étonnant que la colère gronde, dans Marzahn, et que les thèses des partis d'extrème droite y trouvent un écho favorable.

Pour finir, nous sommes rentrés avec le M6, qui remonte toute la Landsbarger Allee jusqu'à Alexander Platz. Une balade intrigante, où les paysages urbains se sont mués des grandes barres d'immeubles pauvres aux Alte Gebäude gentrifiés.

Visiter Marzahn

La station de S-Bahn de Berlin-MarzahnPoint de départ: la station de S-Bahn Berlin-Marzahn.
Remontez la Marzahner Promenade en laissant l'EastGate sur la gauche.
Rejoignez la Landsberger Allee et suivez cette grande artère jusquà la petite route pavée de Alte
Marzahn.
Baladez vous ensuite dans la peie vile médiévale de Marzahn et passez voir la Kinderbauernhaf et le viux Moulin.
De là, redescendez la Allee der Kosmonauten au milieu des lignes architecturales de la RDA, et ce jusqu'à la Hélène-Weignel-Platz et son cinéma berlinois abandonné, le Sojus.
Rejoignez la Märkische Allee et remontez là jusqu'à votre point de départ.
Prenez le M6 pour rentrer et regardez la ville changer un peu plus à chaque station et se gentrifier doucement mais rapidement au fur et à mesure que vous approchez d'Alexander Platz.



Afficher Visiter Marzahn sur une carte plus grande





lundi 8 avril 2013

Le cinéma abandonné de Marzahn: on est revenu bredouille

Le Kino Sojus est connu pour être un lieu à l'abandon intéressant à visiter à Berlin. Un seul bâtiment, facile d'accès, entouré de parking au milieu des grandes barres d'immeubles de Marzahn sur la place Hélène Weigel. Un jeu d'enfant !
Mais ça, c'est la légende urbaine. Arrivé sur place dans l'après-midi du dimanche 7 avril 2013, il nous a bien fallu nous rendre compte que ce ne serait pas aujourd'hui qu'on pourrait y entrer et encore moins voir les restes de machines et de bobines de film, ni les sièges en velour bleu passé dans les trois salles de projection. Nous refusons toujours de casser quoique ce soit pour rentrer dans un lieu à l'abandon, car ensuite, si la police rapplique, il est difficile de prétendre qu'on est entré par erreur. Et puis, la dégradation de propriété privée, ce n'est pas trop notre truc.

Bref, nous avons baissé les bras devant les fenêtres condamnées par des panneaux en métal épais, les portes cadenassées, les barres en fer, les marches d'escalier intentionnellement enlevées. Et on est parti se balader dans Marzahn à la place, pour profiter du soleil qui s'était enfin décidé à pointer le bout de son nez.

Le cinéma berlinois abandonné de Marzahn

Une petite histoire du cinéma berlinois Sojus

Le Kino Sojus fût construit en 1981 dans le cadre du grand projet d'aménagement urbain de Berlin: la construction de 60 000 logements dans Marzahn, organisés comme centre de vie, autour d'un centre commercial, de bâtiments scolaires et, d'entre autres, d'un cinéma.
Le nom de Sojus fait référence à la navette spatiale russe, fierté de l'URRS et fer de lance de la modernité et de la technologie russe de l'époque; l'étoile rouge sur le j de Sojus est une référence explicite au rôle politique et de propagande dans les premières années de son existence.
Après la chute du mur de Berlin, ce cinéma berlinois décide d'ouvrir deux nouvelles salles de projection pour faire face à la demande; mais en 1999, le centre commercial Berlin EastGate, situé à quelques centaines de mètres du cinéma Sojus, décide d'ouvrir sa propre salle de cinéma et les spectateurs commencent à déserter la petite salle historisque, qui pense même déjà fermer ses portes. 
Racheté de justesse par "Kino! Kino! Entertainment GmbH", Sojus se lance dans un concept de cinéma à bas prix: les films y étaient projetés, certes trois mois après leur sortie officielle en Allemagne, mais seulement pour 1,99 euros et le mardi, le prix était même de 0,99 euros. Une véritable alternative dans un quartier touché de plein fouet par la réunification et dont les niveaux de chômage était (et sont toujours) parmi les plus hauts d'Allemagne.

Faute d'être rentable, le cinéma berlinois Sojus fût fermé en octobre 2007 après 26 ans de service; sa fermeture a été contestée par les Berlinois de Marzhan qui, sous le nom de l'association Linksjugend solid Marzahn-Hellersdorf, ont essayé de racheter le lieu. Sans succès.

L'avenir de l'endroit reste à ce jour, cinq ans après sa fermeture, incertain et complètement laissé à l'abandon. Centre historique important de Berlin-Marzahn, le cinéma Sojus n'a, heureusement, toujours pas été démoli.
Reste à voir si la frénésie de destruction qui prend Berlin ces derniers temps touchera aussi ce petit bijou berlinois... la mobilisation ne risquerait pas d'être la même que pour l'East Side Galery...

Cinéma Sojus: centre culturel de MarzahnIl est impossible d'entrer dans le cinéma Sojus






mercredi 20 mars 2013

Où faire de belles glissades dans la neige à Berlin

Je crois que pour le printemps, à Berlin, c'est mort. On est le 20 Mars, et il neige. Encore et toujours. Vu que le soleil n'est toujours pas revenu de vacances, profitons encore un peu de l'hiver (de toute façon, on n'a pas le choix). Je l'avoue depuis le début, j'aime la neige et la luge fait partie de ces petits plaisirs hivernaux berlinois que j'affectionne tout particulièrement. Alors, en ce jour de printemps enneigé, je vous donne la liste de mes Rodelberg berlinoises favorites, pour vous éclater, comme il se doit, dans la poudreuse berlinoise.
On reviendra dans deux mois, pour les plages les plus calientes de Berlin... (voir trois, à cette vitesse...)

Pour les téméraires de la luge: le Mont Klamott

Avec ses 78 mètres de haut, le Mont Klamott du Volkspark Friedrichshain est la meilleure piste de luge et la plus haute de tout le quartier de Friedrichshain-Kreuzberg. Cette colline artificielle a vu le jour après la Seconde Guerre Mondiale, résultat de l'amoncellement des débris de toute sorte des bâtiments détruits des alentours. Interdite aux voitures et bordée de barrière, la piste de luge du Mont Klamott est parfaite pour éviter les accidents (bon, vous fauchez quelques piétons au passage, et alors?)
Très bosselée et très raide, cette piste est faite pour les amateurs de sensation fortes - soit tous les petits berlinois du quartier. Pour les moins téméraires, des départs à mi-pente sont possibles, mais vous raterez le fun de la pente raide du début.

Pour les Hipsters: la luge à Mauerpark

Mauerpark est connu pour son marché aux puces très touristique et son karaoké de plein air légendaire. Mais beaucoup moins pour sa piste de luge. Et pourtant ! Au moindre flocon, ce sont des miriades de petits allemands qui envahissent la petite pente très raide du Mauerpark sur de vraies luges en bois à l'ancienne. Vous pourrez en profiter pour admirer les vestiges du Mur de Berlin qui surplombent le parc. Retrouver votre âme d'enfant et enrichir votre culture générale, ça, c'est Berlin !

Pour tout âge: la piste de luge de Rixdorfer Höhe

La colline de Rixdorfer dans le quartier de Neukölln est le rendez-vous de tous Berlinois du quartier férus de courses de luge. Sa complexité ne tient pas à sa hauteur de 67,90 mètres, mais à sa trajectoire complexe: en spiral ! Sorties de route sont au programme ! Et si vous y survivez, il vous faudra encore passer les plaques de verglas de l'arrivée en ligne droite. Le moment de foncer à plein ballons ! Les plus téméraires descendent sur des sacs poubelle, les plus traditionnels sur des luges en bois. Heureusement que l'endroit offre l'espace nécessaire pour s'éclater dans la neige et laisse à chacun sa place pour descendre à sa vitesse et selon ses envies. Une piste de luge berlinoise pour plaisirs hivernaux en famille.

La plus longue piste de luge de Berlin: Hahneberg

Hahneberg, ce n'est certes pas la porte à côté. Avec le S-Bahn, il vous faudra une trentaine de minutes pour arriver sur les lieux à partir du centre de Berlin. Mais quel plaisir de se retrouver au milieu de la forêt berlinoise, loin de la folie de la ville !  La colline Hahneberg, haute de 87 mètres, est située dans une zone de loisirs. Vous y trouverez l'une des plus longues pistes de luge de Berlin: sur près d'un demi-kilomètre, un sentier fait le tour de la colline. La pente n'est pas trop raide, il est possible de prendre un peu de vitesse sans céder à la folie des grandeurs. A proximité est aménagée une piste plus petite pour les jeunes enfants. Pratique.

La piste de luge la plus gemütlich: Viktoria Park

C'est à la croix dressée sur le mont Viktoria que Kreuzberg doit son nom. C'est aussi là que vont toutes les familles berlinoises des alentours pour profiter de la neige fraîche. Si Viktoria Park n'est pas la piste de luge la plus folle de tout Berlin, sa pente modérée et très large est parfaite pour accueillir les débutants (et les maladroits). Pour ceux qui prendraient trop de vitesse (on ne sait jamais, le Kustcher Gulasch du midi est peut-être trop lourd) les lanternes en bas de pente sont entourées de sac de feuilles pour amortir des arrivées trop rapides ou mal négociées Et si le froid vous prend, vous pourrez vous réchauffer au stand de thé installé au pied de la piste.

Et vous, quels sont vos spots de luge préférés de Berlin?