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jeudi 12 septembre 2013

Affiches électorales allemandes et grosses rigolades

élections allemandes
Poubelle berlinoise estampillée: urne. Un grand respect pour le process électoral, en Allemagne

Ah, les élections allemandes.

Comme les élections françaises, c'est la grande parade de l'humour. Nombreux sont les petits malins qui détournent les affiches à tout va: changement de slogan, moustache à la Hitler, références pornographique... Cette année, les Bundeswahl sont d'une chiantise absolue et les partis politiques allemands n'offrent aucune surprise, tant dans leurs mots que dans leurs actions. Bref, les Allemands ont décidés de faire leur parti (haaha, jeu de mot... ok, je sors) de cette latence politique et de faire mumuse avec les affiches électorales. Le résultat est délicieux - comme quoi, oui, les Allemands sont capables d'humour.

Petit paysage d'horizon des meilleures affiches électorales allemandes détournées

élections allemandes - les verts2 Girls, 1 Cup est une référence claire au film pornographique du même titre (ça va encore m'attirer beaucoup de visites sympa, ça, au niveau des mots clefs). La campagne électorale des Vert (die Grüne) a comme slogan "Und du?": "Et toi?". L'idée derrière doit être: donner envie aux Allemands d'inciter le changement en l'interpellant directement et en le prenant à parti. Septiques face aux changements, les Allemands se souviennent très bien que la dernière fois que les Grün étaient au pouvoir, l'Allemagne a bombardé des civils à Belgrade, n'ont pas protesté contre les réformes Hartz IV qui ont rongé les acquis sociaux, ont laissé se faire la libéralisation des marchés financiers et la réduction des impôts pour les plus hauts salaires... bref, que du bonheur dans un ciel bleu serein, quoi !

2 Girls, 1 Cup, une façon de prévoir à quelle sauce les Allemands vont être mangés s'ils votent pour les Grün?

élections allemandes - la CDU
Rions avec la CDU, pour une fois...

Passons aux détournements des affiches électorales de la CDU

La CDU est le parti politique allemand, équivalent de notre parti de l'UMP et qui est en place au pouvoir en ce moment en Allemagne - et qui risque d'y rester, d'ailleurs. On commence par une seconde référence au porno car le zizi et le kiki, y'a que ça de vrai pour faire ricaner les gens, n'est-ce pas? Et ça marche ! Parce que le détournement de cette affiche de la CDU tourne sur tout le net. On peut y lire: "Haha, une tablette. Mais c'est trop cool. On peut même aller sur YouPorn." Nan, mais si, roh, c'est drôle.
Dans une veine toute différente, et sur un tumblr allemand qui atteint des sommets de célébrité sur le web schleu, les électeurs Outre-Rhin se sont amusés à reprendre et détourner une affiche électorale montrant les mains de Merkel dans cette posture qui lui a valu les ricanements de tous les internautes du monde. Mon préféré reste celui de Voldemort, mais chaque jour, des petits rigolos postent de nouvelles créations - l'imagination et la surprise y sont au rendez-vous, bien plus que pendant la campagne électorale allemande, en tout cas.
Pour terminer une blague assez facile sur Hitler. Je ne vous fais pas la traduction, il n'y a pas besoin d'avoir un allemand bien poussé pour comprendre l'image à la petite moustache droite...

Le SPD n'est pas en reste.

"Contre la TVA sur l'alcool" - le site Stern s'est amusé à créer ses propres affiches électorales du parti politique allemand de gauche, le SPD. Cette affiche électorale et ce slogan sont mes préférés, mais c'était serré avec "Plus de femmes à des postes à responsabilité - sauf à la Chancellerie". Ah moi, dès qu'on vient se moquer de Merkel, je suis toujours partante !
Ah, la première référence à la drogue ! "Vous préparez le crack, j'amène la bouze", voilà ce que nous promet Mathias Brodkorb. Un argument de choc dans un pays qui autorise les salle de shot (il y en a d'ailleurs une à Berlin, près de la station de U-Bahn de Zoologischer Garten). Ben si avec des arguments pareils, il n'est pas élu...
Batman, tintintin ! La SPD à la rescousse de l'Allemagne. Mais qui est Robin ?

Elections allemandes - la SPD

Bonus d'affiches électorales allemandes non identifiables

Elections allemandes
Les yeux de la mort qui tue
Elections allemandes
Enfin une affiche électorale qui dit la vérité: "Tout ça n'est que mensonge"

Pour voir plus de détournements d'affiches électorales, c'est par ici:

Vous avez des affiches électorales allemandes détournées que vous voulez partager? Venez les poster sur notre page Facebook !





lundi 9 septembre 2013

Berlin à bicyclette euh !

Le vélo à Berlin, en été, c'est chouette pour découvrir la ville.

Les cyclistes sont gâtés à Berlin. La ville est en effet parée de pistes cyclistes très bien aménagées et de feux de circulation spéciaux. Aussi, n’hésitez pas à louer un vélo si vous souhaitez visiter Berlin quartier par quartier.
Nous avons enrichi cet article grâce aux commentaires très pertinents de Thomas que nos avons reçu sur notre page Facebook. Un grand merci à lui pour toutes ces informations sur le vélo à Berlin.

Découvrir les secrets de Berlin à vélo

Berlin est riche en monuments historiques. La ville étant plate, tout le monde roule à vélo : hommes, femmes, petits et grands. La visite en bus peut donc s’avérer ringarde, la visite à pied doit quant à elle être fatigante. Offrez-vous plutôt une visite guidée à vélo, de préférable en groupe et accompagnée d’un guide compétent qui vous proposera de superbes itinéraires.
En pédalant à travers la ville, vous découvrirez l’histoire de la Prusse, du XXème siècle, et notamment de la guerre mondiale. Vous saurez aussi davantage sur le Mur de Berlin et sa chute, mais aussi sur les attraits touristiques du Berlin actuel. Vous ferez probablement des arrêts au Gendarmenmarkt ainsi qu’à la Colonne de la Victoire, en passant par la Cathédrale Berliner Dom. Profitez également de votre balade pour partir à la découverte de l’Allemagne nazie, à savoir les bunkers et tous les anciens bâtiments utilisés pendant cette sombre période.

Une fois sur place, trouvez donc rapidement un vélo, soit en recourant aux services d’une agence spécialisée dans la location de vélo, soit en en louant un auprès de votre hôtel. La location d'un vélo coûte environ 10€ la journée et on en trouve à peut près à tous les coins de rue. Pour un séjour plus long, préférez acheter votre vélo d'occasse, soit sur un des moult marchés aux puces de la ville, soit sur Ebay Kleinenanzeige.

Bref ce ne sont pas les vélos qui manquent à Berlin donc, en principe, vous n’aurez que l’embarras du choix (et les voleurs de vélos, aussi). Si vous êtes de passage à Berlin, vous pouvez aussi emmener le vôtre depuis la France, à condition de bien le protéger pendant le voyage (et notamment le dérailleur nous précisent les spécialistes de Veloclic.com)

Les Allemands sont de grands malades: même par -20C°, ils pédalent. Hop, les doigts dans l'nez... enfin, les moufles, quoi

Conseils pour se déplacer à vélo à Berlin

Berlin est parcouru de pistes cyclables, à priori donc, aucun problème pour pédaler dans la ville à peu près dans tous les quartiers. Mais les pistes cyclables ne sont pas présentes partout dans Berlin. Portez également une attention particulière aux feux de circulation, notamment ceux dédiés aux cyclistes.
Selon notre lecteur Thomas, les pistes cyclables berlinoises "sont bien souvent en plus mauvais état que la route. Seules les pistes cyclables annoncées par un panneau "un vélo dans un cercle bleu" sont obligatoires." Sans piste cyclable et sans panneau bleu, le cycliste est autorisé à rouler parmi les véhicules motorisés. Attention aux accidents !

Par contre le trottoir est interdit pour les enfants de plus de 7 ans, l'amende est de 35€! Pour être franche, je n'ai jamais l'expérience de ce problème - un policier m'a gentiment rappelé à l'ordre il y a deux ans quand je dévalais, de nuit, sans lumières, un trottoir exiguë dans Wilmesdorf, mais faut dire que j'ai joué la petite Française ingénue qui ne savait pas parler Allemand.

Autre point important: Berlin, les vélos doivent obligatoirement être équipés de réflecteurs, aussi bien devant que derrière, ainsi que sur les pédales et les roues. Eh oui, les cocos, faut que les conducteurs fous puissent vous voir pour éviter d'éparpiller votre cervelle sur le bitume. Pour connaître tout les accessoires indispensables à avoir sur son vélo à Berlin, faire un petit tour ici ! Sans tout cet attirail sur votre vélo, à Berlin, c’est l’amende assurée. Idéalement, vous devez également être équipé d’un minimum de protection, à savoir un casque, même si ce n’est pas obligatoire à Berlin. 

Berlin, ses voleurs et ses vélos

Le vol de vélo étant très courant à Berlin, le vôtre vous sera en principe loué avec un cadenas. Si ce n’est pas le cas ou si vous avez acheté votre propre vélo à Berlin, nous vous conseillons d’investir de l’argent dans un bon cadenas, dans ce genre , ou , ou . Un truc mastoc, quoi !
Certains lieux sont plus propices aux vols: Alexander Platz et Potsdamer Platz, toutes les entrées de station de U-Bahn et S-Bahn, généralement le quartier berlinois de Mitte, les sorties de boîtes... ouais, nan, partout en fait.
Si votre vélo est volé à Berlin, un tour au Mauerpark le dimanche matin vous aidera probablement à le retrouver très vite - contre rétribution financière, pour sûr !...

(D'ailleurs, celui de la première photo est le mien et m'a été volé il y a trois semaines sur l'Alexander Platz. Si quelqu'un le voit passer, faites moi signe, j'aimerais le récupérer...)





mardi 3 septembre 2013

Traversée du cinéma allemand avant un voyage à Berlin


Rien de mieux pour s'imprégner d'une culture que de regarder les chef-d'oeuvres du grand écran qu'elle produit juste avant de partir. Juliette, dont je vous parlais déjà il y a peu, est une fanatique du cinéma. Sur son blog Cinéphiledoc, elle transmet à ses lecteurs sa passion cette "écriture moderne dont l’encre est la lumière" comme disait Jean Cocteau, le tout mêlé à des réflexions sur le n'internet, et son boulot de professeur-documentaliste. Aujourd'hui, elle est l'invitée de Rainbow Berlin pour vous conseiller quelques films à regarder avant de mettre vos pieds à Berlin.



Il y a quelques années, alors que Rainbow Berlin n’existait pas encore – bien avant la civilisation actuelle, donc – sa fondatrice traînait ses guêtres du côté de Barcelone, espérant, germanophile qu’elle était déjà, s’envoler vers des horizons plus… nordiques. Elle m’avait invitée pour quelques jours et m’avait instamment conseillée de lire L’Ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon, avant ma venue, conseil dont je suis à ce jour encore redevable, puisqu’il s’agit d’une de mes lectures les plus inoubliables.

Lorsqu’elle me demanda de proposer quelques films indispensables avant un voyage à Berlin, c’est en souvenir de L’Ombre du vent, que j’acceptais (mais aussi parce que je trouve que Rainbow Berlin est un blog fichtrement sympathique !).

Films fondateurs

À l’image des textes fondateurs que l’on étudie sur les bancs du collège, avec plus ou moins d’enthousiasme, il y a des incontournables parmi le cinéma allemand, que l’on se doit de connaître généralement, à défaut d’avoir pu les voir un jour… Nosferatu, de Murnau, l’un des premiers films pour les fanas de vampires ; L’Ange bleu, de Joseph von Sternberg, avec Marlène Dietrich dans le rôle qui l’a révélé ; et Metropolis de Fritz Lang.

Je m’attarderai seulement sur le dernier : Metropolis, c’est LE premier film de science-fiction. L’action se passe dans le futur avec d’un côté, la ville haute et de l’autre, la ville basse ; d’une part les élus (gosses de riches tous blonds et bien habillés) et de l’autre, la masse ouvrière sur-exploitée qui trime sur des machines monstrueuses. L’idée a été reprise des centaines de fois, que ce soit dans des classiques du dessin animé comme Le Roi et l’Oiseau, que jusque dans le très récent Elysium.

Bref, à un moment, le gars d’en haut, Freder, un blondinet un peu grassouillet, tombe amoureux d’une fille d’en bas, Maria, qui se la joue Madonne des laissés pour compte. Le père de Freder demande à un savant fou de façonner un robot à l’image de Maria pour semer le chaos parmi les ouvriers au bord de la révolte. La scène culte, c’est la scène où le robot se réveille et prend les traits de Maria.



Imaginons maintenant un petit itinéraire : avant votre séjour à Berlin, allez faire un petit tour à la Cinémathèque française (l’étage musée du cinéma). Vous y verrez le vrai robot dans une vitrine, parmi d’autres objets sympathiques, des costumes, et la tête de la maman de Norman Bates dans Psychose… A la librairie, vous trouverez peut-être le DVD, le film ayant été restauré il y a peu. Dans l’avion, emportez le livre L’Homme intérieur, un roman policier génial où Fritz Lang est l’un des suspects dans une affaire de meurtre. Arrivé(és) à Berlin, vous pourrez aller visiter les studios Babelsberg, en proche banlieue, et vous acheter un super clap ! Enfin, en rentrant, avant d’aller faire la fête, faites un détour par la librairie Dussman sur Friedrichstrasse, où vous trouverez peut-être un livre de Enno Patalas sur le tournage et le scénario de Metropolis, Metropolis in / aus Trümmern.

Quelques petites pistes expatriées en noir et blanc et en couleur…

Parmi les cinéastes et les comédiens d’origine allemande d’avant-guerre, il y en a un certain nombre qui se sont exilés et qui ont poursuivi leur carrière avec succès. Ce n’est peut-être pas le propos de l’article, mais j’en toucherai quand même un petit mot.

Il y a Ernst Lubtisch, qui a tourné Ninotchka, l’un des films les plus beaux et les plus drôles avec Greta Garbo (autre produit d’importation hollywoodien) et Le ciel peut attendre, l’histoire hilarante d’un homme qui vient de mourir, et qui arrive en Enfer, pour raconter ses frasques sentimentales au Diable, persuadé que cela suffit à lui interdire l’accès au Paradis.

Il y a Billy Wilder, qui a tourné les comédies les plus rafraîchissantes d’Hollywood durant les années cinquante, dont Certains l’aiment chaud avec Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon, et les drames les plus grinçants, comme Boulevard du crépuscule.

Il y a Max Ophuls, épris de littérature allemande, il a adapté Liebelei d’Arthur Schnitzler et la Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig. Il a tourné en allemand, en français et en anglais. Il a tourné Madame de, le récit d’une coquette qui dépense sans réfléchir l’argent de son mari et finit par tomber amoureuse, le seul acte de sa vie dénué de frivolité, mais qui lui coûtera cher…

Il y a enfin, parmi les comédiens, l’immortelle et narcissique Marlène Dietrich, qui, après sa collaboration avec von Sternberg (dont l’incroyable Impératrice rouge), tournera avec Wilder, Hitchcock et tant d’autres. Si vous avez une chanson à écouter avant votre voyage, c’est bien Lili Marleen.



Quelques perles plus récentes…

Certains films allemands des plus récents comptent également parmi mes préférés. Deux sont consacrés à la seconde guerre mondiale, et deux à l’Allemagne avant ou après la chute du Mur.

Europa Europa, un film de Agnieszka Holland sorti en 1990, est l’histoire de la traversée de l’Europe par un jeune juif allemand qui tente d’échapper aux persécutions, allant jusqu’à s’engager accidentellement dans l’armée rouge de Staline, puis dans les jeunesses hitlériennes… il faut préciser que le bougre est un parfait polyglotte ! On suit donc ses aventures entre Russie soviétique et Allemagne nazie, en se demandant comment tout cela va s’arranger pour lui. C’est passionnant, la musique est fabuleuse et c’est une histoire vraie !

La Chute, sortie en 2004, raconte les derniers jours d’Hitler dans son bunker, sous les yeux de sa jeune secrétaire. Le film montre Hitler au quotidien, sous un aspect humain, mais, et c’est là sa grande force, qui ne lui retire rien de sa folie ni de sa monstruosité. Très prenant !



Goodbye Lenin !, de 2003, évoque les bouleversements provoqués par la chute du Mur et le sentiment d’ « ostalgie » (nostalgie de l’est) à travers l’histoire d’une femme, tombée dans le coma en 1988 et qui se réveille en 1990. Son fils doit tout faire pour lui éviter le moindre choc et doit donc reconstituer rien que pour elle une Allemagne de l’est qui a disparu. Le film alterne avec virtuosité les moments burlesques et les instants d’émotions. Prudence aux âmes sensibles.


Enfin, je termine avec mon préféré : La Vie des autres, un film sorti en 2006. Un dramaturge est-allemand est placé sous la surveillance d’un capitaine de la Stasi. Alors que l’écrivain décide de publier un article sur le suicide en RDA, le capitaine se fascine pour l’univers culturel de celui qu’il doit dénoncer. Le film illustre cette affinité élective naissante, par caméras de surveillance interposées, dans un état policier, où la vie privée n’est qu’un leurre. Une merveille de cinéma !



Voilà, j’espère avoir suscité quelques envies cinématographiques, et avoir été à la hauteur de Rainbow Berlin. Tschüss !


Et comme d'habitude, l'espace commentaires vous est ouvert pour partager vos coups de coeur du cinéma allemand.





samedi 31 août 2013

Quand on s'aperçoit qu'on est devenu Allemand...

Être Allemand

Vivre à Berlin en tant que Français, ce n'est pas tous les jours facile. Cela est difficilement percevable, mais entre la France et l'Allemagne, il y a plus de différences que l'on pourrait penser. Même si on ne pend pas le drapeau français à la fenêtre, il faut bien l'admettre, nombre de Français à Berlin essayent de recréer un environnement francophone/français dans leur chez eux. Mais après quelques années, à l'occasion d'un retour en France, on s'aperçoit qu'en fait, ben, on est peut-être devenu un peu germain, nous aussi.

Symptôme numéro 1: le passage piéton, cet interdit

Tu traverses le passage piéton seulement, et seulement, dans le petit bonhomme est rouge. Même si ton tram part devant ton nez. Même si t'es en retard. Même s'il n'y a aucune voiture qui arrive. Surtout - surtout - s'il y a des parents avec des mômes, parce que les faiseurs de mini-humains sont hyper agressifs quand tu oses montrer le mauvais exemple. Evidemment, quand tu rentres en France, ben, tes potes se fichent de toi parce que tu restes planté comme une idiote au bord du trottoir alors que la rue est vide.
Ampelmann Berlin
Après Merkel, les deux pires rabat-joies d'Allemagne

Symptome 2: sprechen Sie Français?

Entschuldigung, gemütlich et autres Würst sont entrés dans ton vocabulaire. Rien à faire, tu ne sais plus dire "pardon" et le mot "agréable" ne semble pas définir assez précisément ce que tu ressens, parce que "gemütlich", ça correspond parfaitement. En France, ta famille et tes amis te prendront au mieux pour un/e alien, au pire pour un/e sale prétentieux/se, à émailler de la sorte tes conversations de Germain. Ca sert à rien de leur dire que tu ne le fait pas exprès, ils ne te croiront pas.

parler français à Berlin
Y'a des jours où je me demande si je parle toujours Französisch

Symptome 3: la Pfand, ce préciiiieuuux

Tu collectionnes les bouteilles de plastique et en verre vides. Y'en a partout chez toi et tu fais deux visites annuelles au supermarché du coin pour les ramener. A chaque fois, t'as l'impression d'avoir gagné au loto en voyant tous ces chiffres s'aligner sur ton Pfandbon, alors que non, cet argent, tu l'avais déjà donné lorsque tu as acheté la bouteille à la base. Quand t'es étudiant, tu passes dans les festivals berlinois, les Open Air de la capitale et tous les Volkspark pour récupérer ces bouteilles vides et pouvoir arrondir tes fins de mois. Et tout le monde trouve ça normal. De retour en France, il te faudra un bon moment avant d'arrêter - et un autre bon moment pour trouver comment arrondir tes fins mois tout en buvant des restes de bières gratos au parc (on cherche encore...)

la Pfand à Berlin
En chemin vers Netto pour ramener toutes les bouteilles de la fête d'hier

Symptome 4: la tri-ite aigue

Tu tries tes déchets. T'as pas le choix, ton proprio allemand est passé deux mille fois pour t'enguirlander parce que tu avais mis du plastique dans la poubelle grise au lieu de la jaune, et tes plantes mortes dans la poubelle bleu au lieu de marron. Comment il savait que c'était tes déchets? Aucune idée, mais t'as pas trop envie de savoir. Toujours est-il que tu sais maintenant: poubelles bleues pour le papier et le carton, poubelles marron pour les déchets végétaux, poubelles noires ou grises pour les déchets non recyclables et poubelles jaunes pour le plastique. De retour en France, t'as bien 5 minutes de flip à chaque fois qu'il faut que tu amènes tes déchets aux containers; et tu rentres dépité de tous les avoir mis dans la même poubelle, ces fichus déchets que tu avais trié avec soin.

trier ses déchets en Allemagne
L'exercice le plus dur de l'univers après le Rubix Cube: où mettre son déchet? Achievement unlocked en mode bourré.

Symptome 5: je suis une pédale

Tu fais du vélo, tout le temps, par tous les temps. Il pleut, il neige, il vente, il fait 45°C ou -25? Peu importe ! Tu pédales pour aller au boulot, tu pédales pour rentrer à la maison, tu pédales pour aller faire les courses, tu pédales pour aller en soirée (dont tu reviens en titubant le vélo à la main). En vélo, en Allemagne, tu te sens le roi de la route - et des trottoirs. Piétons et voitures doivent s'incliner devant le pouvoir de ton guidon et tu connais toutes les pistes cyclables de la ville. En France, après 4 collisions frontales avec des piétons maussades, t'as abandonné l'idée de pédaler sur les trottoirs. Après 6 accidents mineurs (ou pas) avec un conducteur fou, t'abandonnes l'idée de pédaler sur la route. Et tu laisses ton vélo dans la cave et prends un pass navigo. A toi les odeurs de pipi et les rames bondées... yeaah...
Vélo à Berlin
Les Fahrrad à Berlin, c'est un peu un bien commun. Si le vôtre n'est plus là, prenez celui du voisin

Symptome 6: je suis une pédale II

Limitation de vitesse? C'est quoi? Sur l'autoroute, pied au plancher, tu fais Berlin-Hambourg en 90 minutes dans ta berline. Après 4 amendes sur un Paris-Toulouse, tu réapprends le sens des petits panneaux ronds rouges et blancs. Comment ça le 130 n'est pas la vitesse minimum autorisée?

Autoroute en Allemagne
Ach, Mônsieur Schmidt, che crois que vous chavez trop forcher sur la pédale, ach ja !

Symptome 7: désordres alimentaires

Kebab matin, midi et soir. Avec des légumes croquants et frais et une petite sauce au Knoblauch par dessus. Alors en France, quand on te gâche ton plat favori avec des frites dégueulasses et qu'en plus on te demandes 6 euros pour ce truc pas bon... ben, tu pètes un peu les plombs.

Kebab à Berlin
Du pain, de la viande délicatement parfumée, une petite sauce et des légumes frais. Qui a dit que le kebab, ce n'était pas un repas équilibré?


Et toi, t'as été contaminé par d'autres petites manies allemandes?





jeudi 22 août 2013

Quand les Bundeswahl et Hitler nous font une belle fin d'été

Avec ces températures exceptionnelles à Berlin cet été, il fallait bien que quelque chose (ou plutôt deux quelque chose) viennent nous casser un peu les pieds. Entre une après-midi loque au lac et un Freiluftkino, pourquoi laisser les gens profiter de la torpeur et de la farniente de l'été, bien méritée après un hiver berlinois sans fin

Les élections allemandes: les Bundeswahl de l'ennui

Déjà, les élections. Pour un français, ça fait un peu mal de repasser par cette effervescence politique qu'amène le grand bal des fausses promesses. Après les élections de l'année dernière, on pensait être débarrassés pour 5 ans, comme c'est le droit de chaque Français. Et bah non ! Pour tout expatrié qui se mérite, on a le droit aussi au bal des faux-culs dans notre pays d'accueil (à moins bien sûr de vivre dans une dictature). Auquel s'ajoute une frustration: celle ne pas pouvoir voter.

Elections Allemagne CDU - la droite
Affiche Electorale CDU - Vive la parité? Quand on voit comment l'Allemagne performe de ce côté là, ça me fait doucement rigoler.
Et en Allemagne, nous sommes en pleine campagne électorale JUSTEMENT cet été.  Les élections auront lieu fin Septembre, le 22 pour être exacte. La campagne, assez discrète les mois derniers, a fait l'apparition dans la rue avec un florilège d'affiches. On voit qui a le budget le plus serré: la CDU et le SPD s'affichent en grand dans les artères principales tandis que le Piraten Partei, Die Linke et les Grün la jouent modeste sur les lampadaires.

Elections Allemagne SPD - la gauche
Affiche Electorale SPD - Maman a l'air ravie d'être coincée toute la journée avec son mioche...
Elections Allemagne - Parti Pirate, les verts, les communistes
Affiches Electorales - dans l'ordre: Piraten Partei, die Grüne, die Linke. Voir la galerie complète avec explications (en allemand)
Bien évidemment, le FN allemand, notre ami le NPD, est aussi de la partie mais avec, cette année des affiches un peu plus propres sur elle même, politiquement plus correctes: typo soignée, un peu de jaune pour faire plus national, ravissants enfants blonds "bien Allemands", on se demande s'ils n'ont pas pris des cours de déguisement de thèses fumeuses avec notre blondasse bleu marine nationale... Et comme d'habitude, on s'attaque au Grand Méchant Musulman. Rien de bien original, en gros, de chaque côté du Rhin...
Mais attention, vous ne trouverez aucune affiche du NPD sur les murs de Berlin et de Brandenbourg, la région ayant considéré ces affiches racistes et insultantes pour l'Association Sinti & Roma (sans blagues...)

Bundeswahl - Elections Allemagne 2013 - ND
Affiches Electorales - NPS - Avec du bleu à la place du noir et du jaune, on aurait l'impression d'avoir de belles affiches pour le FN
Les deux plus grands partis ont pris des directions opposées au niveau stratégies et cela reflète bien leur façon d'enfumer de voir l'avenir des Allemands:
  • Côté "UMP allemande", la CDU nous vend du bonheur au goût de crêpes et de vent-dans-les-cheveux. Un papa aux dents trop blanches cuisine avec sa fille (ouais, la parité, youhou !), des slogans pour vanter la stabilité de l'Euro et plus de bonheur s'étalent un peu partout...(la série complète est dispo ici) "Jedes Familie ist anders" proclament les affiches de la CDU. Oui, donc, et les familles homoparentales, c'est du caca? Elles attendent toujours leur droit à se marier et à être reconnue à l'équivalent des autres familles... Et les 20% d'Allemands paupérisés par le Hartz IV, vous croyez qu'ils ont les moyens d'avoir du vent-dans-les-cheveux? Une campagne à l'effigie de l'action du gouvernement ces dernières années: rien de concret, rien de concret et rien de concret.
  • A gauche, le SPD montre des Allemands angoissés par le quotidien, entre manque de place en Kita, manque de la sécurité financière d'un Mindestlohn, appauvrissement des Seniors et augmentation fulgurante des loyers. Une conception moins joyeuse de la réalité, et plus terre à terre quant aux demandes quotidiennes des Allemands. N'empêche que la dernière fois que le SPD s'est retrouvé aux commandes, ils ont pondu les lois Hartz IV à qui on doit l'appauvrissement de ces sus-nommés 20% d'Allemands, principalement des femmes, des immigrés, des moins de 25 ans et de plus de 60 ans. Hum... de gauche, vous dites?
Elections Allemagne SPD - se moquer de Merkel
Affiche Electorale SPD - Tous les coups sont bons, pendant les élections. Merkel a le dos large (au figuré comme au propre d'ailleurs)
Ca vous donne déjà un bel aperçu de la "campagne" électorale et de ses rebondissements passionnants. Pour vous avouer, j'ai rien suivi de la campagne. Déjà, parce que je n'ai pas la télé et ensuite, parce que je ne peux pas voter. Ajoutez à cela que de toute façon, et comme me l'ont confié plusieurs amis allemands pas du tout acquis à la cause de la CDU, Angela Merkel va être réélue. "Elle est très allemande: elle ne fait rien. Surtout pas de vagues, surtout pas de grands changements. Et ça rassure les Allemands" m'a dit H., bavarois SPDien, un des rares Allemands a qui ça ne dérange pas de parler politique autour d'une bière. (Me comprendront tous les lecteurs français qui ont des amis allemands: avec les schleu, faut jamais parler de sujets qui fâchent, et surtout pas politique. Parlons plutôt de comment faire un jardin bio sur son balcon, c'est moins polémique. C'est bizarre pour nous autres Français, qui arrivons à nous engueuler autour d'un pastis tout en restant amis et sans faire une syncope. Bref, fin de la parenthèse)

Quand on se lasse (pas) de chasser des fantômes

Les élections, donc, c'est toujours le moment de sortir les sujets à "débat" (avec des guillemets, car justement, ce qui rebute l'Allemand, c'est le débat, je viens de vous l'expliquer).  Point Godwin atteint en un temps record cette année en Allemagne, avec une campagne magnifiquement appelée: Operation Last Chance (en plus c'est en anglais, v'là la crédibilité)

L'Allemagne, l'Holocauste et les Allemands.
Ces affiches au Slogan "Tard, mais jamais trop tard", visibles absolument partout sur les murs de Berlin cet été, sont l'oeuvre du centre Simon-Wiesenthal, spécialisé dans l’anti-sémitisme, qui a lancé une grande campagne de délation aide à l'identification des personnes ayant participé de près ou de loin à l’Holocauste. Avec une récompense de 25 000 euros à la clef. Une grand tante vous casse les pieds? Allez, hop, on la balance comme ancienne dame pipi à Auschwitz; ça lui apprendra a être plus généreuse à Noël, tiens !

Le Centre Simon-Wiesenthal rappelle qu'il reste aujourd'hui plus d'une centaine de nonagénaires vivants, anciens SS ou simple soutien du Führer, qui n'ont pas été jugés pour leurs crimes de guerre. Soit une bande d'une centaine de petits vieux, probablement tous atteint d'Alzheimer et qui doivent salir leur pantalon assez souvent. Question: est-ce que cela vaut la peine de lancer une campagne onéreuse pour les poursuivre et emballer la machine légale (payée par le contribuable) pour les juger?

Lâcher cette petite bombe en pleine période électorale n'est pas anodin et montre comment ce fantôme du passé est encore intimement lié aux décisions politiques allemandes, mais aussi à la mentalité de tout une société. Quatre-vingt après sa prise de pouvoir, Hitler continue d'hanter la vie de nos voisins d'Outre-Rhin, si bien que, si les Allemands sont si soucieux de ne pas faire de vagues sur des sujets comme l'immigration, l'homosexualité ou la séparation de l'Eglise et de l'Etat, c'est que la société allemande n'est jamais arrivée à passer le trauma de leur Sonderweg.

S., une amie franco-allemande, me racontait son enfance dans une école près de Cologne, et j'ai été sidérée de voir comme les écoles allemandes enseignaient la culpabilité dès le plus jeune âge "La première sortie scolaire a eu lieu dans un camp de concentration - à 5 ans ! Mes cousins français me racontaient leurs sorties au Parc Astérix, à la mer et au ski ! Ca avait l'air plus sympa d'être Français ! Et tout au long de ma scolarité, j'ai eu l'impression que le seul fait marquant de l'Histoire de mon pays, c'était l'extermination de 6 millions de gens. C'est en grandissant, et notamment en allant étudier en France, que j'ai vu que ma culture, c'était bien plus que ça."

La Seconde Guerre Mondiale exerce un charisme - négatif, certes, mais quand même un charisme - absolument hallucinant, rejetant Goethe, Bismark, Bach & compagnie au rang d'acteurs de second plan. Avouez que le mot "Hitler" est une des raisons pour lesquelles vous avez cliqué sur l'article ! Et vous comprenez quand je parle de charisme. Contrairement à ce qu'on aurait pu espérer, la disparition de la génération "nazie" n'a pas mis fin à cette obsession. Il n'y a eu qu'à voir la fréquentation du Deutsches Museum en 2010 et 2011 lors de son exposition sur Hitler et les Allemands, la première à parler du charisme d'Hitler et de l'engouement des Allemands pour le Führer : plus de 250 000 visiteurs en quatre mois, soit 3 fois plus qu'une expo "normale" temporaire. Les Allemands ont toujours besoin de comprendre. La question de la Shoah et de la responsabilité politique de l'ascension d'Hitler au pouvoir est une véritable obsession, et qui ressort au grès des campagnes électorales ou des événements politiques.

Berlin, d'ailleurs, la vend très bien aux touristes, la Seconde Guerre Mondiale, et certains d'entre eux ne trouvent rien d'étrange à demander où est-ce qu'ils peuvent "voir la Seconde Guerre Mondiale à Berlin". A Berlin, l'Histoire est en train de tourner au Disneyland malsain (j'en parlerai dans un article, un jour, de ce Disneyland de l'Histoire qu'est en train de devenir Berlin)

Nos sous (oui, je dis "nos", parce que je paye mes impôts en Allemagne) ne seraient-ils pas mieux utilisés à créer le futur de nos enfants au lieu de courir après une bande de petit vieux qui va de toute façon bientôt mourir? A être investi dans des programmes luttant contre la discrimination et facilitant l'intégration en général? Sans fixette sur ces groupes qui ont été massacrés pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais en élargissant cela à tous les type de discrimination? A interdire les partis d'extrême-extrême droite? A être investi dans les systèmes d'intégration des étrangers, des handicapés, des trasexuels itoutikanti? A renforcer les politiques de prévention? Bref, à servir à des causes pour le bien général et non pour la conscience politique des années 30?

Attention, je ne parle pas d'oublier les horreurs des camps de concentration et de la dictature nazie ou d'ignorer le sort des victimes. Loin de là ! Mais dans tout traumatisme, il y a un moment où il faut comprendre que la vie continue. Je crois que ce temps est plus qu'arrivé en Allemagne. Pour qu'enfin le fantôme de la Seconde Guerre arrête d'hanter toutes les décisions prises (et surtout non-prises) et que les Allemands s'occupent de créer Demain au lieu de ressasser Hi(tl)er.

Allez, je vous laisse sur cette réflexion estivale très gaie. Ce sera la seule que je m'autoriserais cet été, et franchement, avec cette chaleur, c'est plus du courage, c'est de l'abnégation. Je retourne discuter jardin bio avec mes p'tits Allemands.