Marzahn, ce quartier au nord est de Berlin, à quelques encablures du ring berlinois, a mauvaise réputation: repère de nazis, racisme, homophobie, pauvreté, chômage endémique... Quasiment aucun Berlinois n'y met les pieds en dehors des habitants de Marzahn - et encore moins les non-berlinois; autant dire que Marzhan n'existe absolument pas pour les guides de visite, même les plus insolites!
Alors quand j'ai proposé à ma moitié, après l'échec de l'exploration urbaine du cinéma abandonné de Sojus, d'aller à la découverte de ce quartier de Berlin peu connu, l'accueil a été moyen. Mais vu que c'était aller à Marzahn ou faire du reste de sa journée un enfer, la décision a été vite prise.
Loin des clichés véhiculés, j'ai été surprise par cette visite impromptue et j'espère bien vous communiquer mon enthousiasme pour mon nouveau terrain de jeu urbain.
Un projet urbain révolutionnaire et moderne
Marzahn est un quartier berlinois sorti des champs dans la fin des années 70. Le but de ce projet d'aménagement urbain était ambitieux:
faire de Marzahn un modèle de la politique de la RDA en fournissant une qualité de vie exemplaire à 100 000 camarades chanceux. Constitué comme centre de vie, chaque détail fût pensé: électricité courante, circuit de chauffage et d'eau chaude, crèches et écoles, centre commerciaux, supermarchés, usines où travailler... toute une vie à portée de main pour les habitants des 62 000 appartements qui sortirent de terre entre 1977 et 1981.
L'architecture des bâtiments y est très typique de cette époque et vous transporte dès la plateforme du S-Bahn 7 dans la période la plus faste de la RDA: de chaque coté de la Marzahner Promenade, de grands bâtiments blancs, très carrés, d'une vingtaine d'étages, avec leurs petits balcons et leurs gigantesques parking pleins à leurs pieds, sont alignés de façon géométrique et parfaite. Ces immeubles, sans originalité ni signe particulier, se décuplent presque à l'infini.
Sur la gauche, le EastGate Einkaufshalle, le centre commercial dont la salle de cinéma fût une des raisons de la fermeture du Sojus, étale toute sa modernité au milieu des immeubles aux petits airs surannés. La Marzahner Promenade rejoint bientôt la fameuse Landsberger Allee, une des avenues les plus longues de Berlin: plus de 10 km de long, de l'Alexander Platz à l'extrème Est de Marzahn. Une avenue très communiste: très large, bordée d'arbres menus mais parfaitement espacés et alignés, avec, en son centre, les rails du tram, elle fût, à l'instar de la Karl Marx Allee, construite pour pouvoir laisser passer, si nécessaire, troupes et tanks.
L'impression générale qui se dégage, c'est celui de l'immensité. Rien, dans ce quartier de Marzahn, ne fût fait en petit.
Le vieux centre médiéval de Marzhan préservé
Avant la construction de ces grandes barres d'immeubles toutes semblables, Marzahn n'était qu'un petit village entouré de champs. Il est difficile de s'imaginer, en remontant la gigantesque Landsberger Allee, ce petit hameau, ses quelques cheminées, son relief plat sur lequel poussaient quelques graines.
Difficile? Non, pas tellement en fait. Car sur la droite de la Landsberger Alle s'ouvre bientôt une petite rue, la Alte Marzhan. Et là, surprise: lampadaire à l'ancienne, rue pavée, petites maisonnettes en pierre, avec petit jardin, volailles et potager, le out regroupé autour d'une petite place, avec vieille église et deux carrés de pelouse, où, à la faveur d'un rayon de soleil, quelques crocus ont décidé de sortir le nez de terre, on tombe sur le Vieux Marzahn, sur ce village médiéval installé ici depuis l'an 1300. On passe, en trois pas, de l'immensité de l'architecture communiste des années 70 à un petit village typique et modeste. Les vrombissements des voitures remontant la grande artère toute proche meurent et c'est un calme de campagne (tout relatif, certes) qui nous accueille. La claque. Le changement est surprenant.
Autre différence: les odeurs. Si dans la Landsberger Allee, ça sent la neige fondue et les pots d'échappement, dans la Alt Marzahn, ça sent plutôt la ferme et la terre humide. Pour cause, au bout de la rue, derrière l'église, se trouve la Kinderbauerhof de Marzahn: la ferme éducative où s'ébattent moutons, chèvre et oies et qui font la joie des petits berlinois s'agrippant aux grillages mouillés. L'association berlinoise qui entretient le lieu a pensé à tous les détails: machines agricoles et bottes de paille sont entreposés en pleine rue, entre deux aires de jeux pour enfants. Le tout est surplombé d'un vieux moulin restauré, rappelant le passé agricole du quartier.
La réalité sociale de Marzahn
Visiter Marzahn ne doit pas faire oublier la réalité sociale de ce quartier berlinois. Frappé de plein fouet après la réunification par le chômage et la perte d'allocations, ce sont plus de 35 000 berlinois qui ont fuit ce quartier qui les avait vu grandir pour tenter leur chance à l'Ouest.
Aujourd'hui encore, Marzahn porte les stigmates de cette crise qu'elle a traversé (et traverse toujours). A l'oeil attentif, il est aisé de voir que les bâtiments auraient besoin d'un bon ravalement de façade, que les voitures stationnées sur les parkings ne sont pas toutes récentes, les petites annonces pour des demandes et des offres de travail précaire sont plus nombreuses que dans les autres quartiers de Berlin. Certaines barres d'immeuble sont complètement vides de toute vie et des gens usés attendent aux stations de Tram. On sent que le tissu social s'est relâché ici.
Pas étonnant que la colère gronde, dans Marzahn, et que les thèses des partis d'extrème droite y trouvent un écho favorable.
Pour finir, nous sommes rentrés avec le M6, qui remonte toute la Landsbarger Allee jusqu'à Alexander Platz. Une balade intrigante, où les paysages urbains se sont mués des grandes barres d'immeubles pauvres aux Alte Gebäude gentrifiés.
Visiter Marzahn
Point de départ: la station de S-Bahn Berlin-Marzahn.
Remontez la Marzahner Promenade en laissant l'EastGate sur la gauche.
Rejoignez la Landsberger Allee et suivez cette grande artère jusquà la petite route pavée de Alte
Marzahn.
Baladez vous ensuite dans la peie vile médiévale de Marzahn et passez voir la Kinderbauernhaf et le viux Moulin.
De là, redescendez la Allee der Kosmonauten au milieu des lignes architecturales de la RDA, et ce jusqu'à la Hélène-Weignel-Platz et son cinéma berlinois abandonné, le Sojus.
Rejoignez la Märkische Allee et remontez là jusqu'à votre point de départ.
Prenez le M6 pour rentrer et regardez la ville changer un peu plus à chaque station et se gentrifier doucement mais rapidement au fur et à mesure que vous approchez d'Alexander Platz.
Le Kino Sojus est connu pour être un lieu à l'abandon intéressant à visiter à Berlin. Un seul bâtiment, facile d'accès, entouré de parking au milieu des grandes barres d'immeubles de Marzahn sur la place Hélène Weigel. Un jeu d'enfant !
Mais ça, c'est la légende urbaine. Arrivé sur place dans l'après-midi du dimanche 7 avril 2013, il nous a bien fallu nous rendre compte que ce ne serait pas aujourd'hui qu'on pourrait y entrer et encore moins voir les restes de machines et de bobines de film, ni les sièges en velour bleu passé dans les trois salles de projection. Nous refusons toujours de casser quoique ce soit pour rentrer dans un lieu à l'abandon, car ensuite, si la police rapplique, il est difficile de prétendre qu'on est entré par erreur. Et puis, la dégradation de propriété privée, ce n'est pas trop notre truc.
Bref, nous avons baissé les bras devant les fenêtres condamnées par des panneaux en métal épais, les portes cadenassées, les barres en fer, les marches d'escalier intentionnellement enlevées. Et on est parti se balader dans Marzahn à la place, pour profiter du soleil qui s'était enfin décidé à pointer le bout de son nez.
Une petite histoire du cinéma berlinois Sojus
Le Kino Sojus fût construit en 1981 dans le cadre du grand projet d'aménagement urbain de Berlin: la construction de 60 000 logements dans Marzahn, organisés comme centre de vie, autour d'un centre commercial, de bâtiments scolaires et, d'entre autres, d'un cinéma.
Le nom de Sojus fait référence à la navette spatiale russe, fierté de l'URRS et fer de lance de la modernité et de la technologie russe de l'époque; l'étoile rouge sur le j de Sojus est une référence explicite au rôle politique et de propagande dans les premières années de son existence.
Après la chute du mur de Berlin, ce cinéma berlinois décide d'ouvrir deux nouvelles salles de projection pour faire face à la demande; mais en 1999, le centre commercial Berlin EastGate, situé à quelques centaines de mètres du cinéma Sojus, décide d'ouvrir sa propre salle de cinéma et les spectateurs commencent à déserter la petite salle historisque, qui pense même déjà fermer ses portes.
Racheté de justesse par "Kino! Kino! Entertainment GmbH", Sojus se lance dans un concept de cinéma à bas prix: les films y étaient projetés, certes trois mois après leur sortie officielle en Allemagne, mais seulement pour 1,99 euros et le mardi, le prix était même de 0,99 euros. Une véritable alternative dans un quartier touché de plein fouet par la réunification et dont les niveaux de chômage était (et sont toujours) parmi les plus hauts d'Allemagne.
Faute d'être rentable, le cinéma berlinois Sojus fût fermé en octobre 2007 après 26 ans de service; sa fermeture a été contestée par les Berlinois de Marzhan qui, sous le nom de l'association Linksjugend solid Marzahn-Hellersdorf, ont essayé de racheter le lieu. Sans succès.
L'avenir de l'endroit reste à ce jour, cinq ans après sa fermeture, incertain et complètement laissé à l'abandon. Centre historique important de Berlin-Marzahn, le cinéma Sojus n'a, heureusement, toujours pas été démoli.
Reste à voir si la frénésie de destruction qui prend Berlin ces derniers temps touchera aussi ce petit bijou berlinois... la mobilisation ne risquerait pas d'être la même que pour l'East Side Galery...
Je crois que pour le printemps, à Berlin, c'est mort. On est le 20 Mars, et il neige. Encore et toujours. Vu que le soleil n'est toujours pas revenu de vacances, profitons encore un peu de l'hiver (de toute façon, on n'a pas le choix). Je l'avoue depuis le début, j'aime la neige et la luge fait partie de ces petits plaisirs hivernaux berlinois que j'affectionne tout particulièrement. Alors, en ce jour de printemps enneigé, je vous donne la liste de mes Rodelberg berlinoises favorites, pour vous éclater, comme il se doit, dans la poudreuse berlinoise.
On reviendra dans deux mois, pour les plages les plus calientes de Berlin... (voir trois, à cette vitesse...)
Pour les téméraires de la luge: le Mont Klamott
Avec ses 78 mètres de haut, le Mont Klamott du Volkspark Friedrichshain est la meilleure piste de luge et la plus haute de tout le quartier de Friedrichshain-Kreuzberg. Cette colline artificielle a vu le jour après la Seconde Guerre Mondiale, résultat de l'amoncellement des débris de toute sorte des bâtiments détruits des alentours. Interdite aux voitures et bordée de barrière, la piste de luge du Mont Klamott est parfaite pour éviter les accidents (bon, vous fauchez quelques piétons au passage, et alors?)
Très bosselée et très raide, cette piste est faite pour les amateurs de sensation fortes - soit tous les petits berlinois du quartier. Pour les moins téméraires, des départs à mi-pente sont possibles, mais vous raterez le fun de la pente raide du début.
Pour les Hipsters: la luge à Mauerpark
Mauerpark est connu pour son marché aux puces très touristique et son karaoké de plein air légendaire. Mais beaucoup moins pour sa piste de luge. Et pourtant ! Au moindre flocon, ce sont des miriades de petits allemands qui envahissent la petite pente très raide du Mauerpark sur de vraies luges en bois à l'ancienne. Vous pourrez en profiter pour admirer les vestiges du Mur de Berlin qui surplombent le parc. Retrouver votre âme d'enfant et enrichir votre culture générale, ça, c'est Berlin !
Pour tout âge: la piste de luge de Rixdorfer Höhe
La colline de Rixdorfer dans le quartier de Neukölln est le rendez-vous de tous Berlinois du quartier férus de courses de luge. Sa complexité ne tient pas à sa hauteur de 67,90 mètres, mais à sa trajectoire complexe: en spiral ! Sorties de route sont au programme ! Et si vous y survivez, il vous faudra encore passer les plaques de verglas de l'arrivée en ligne droite. Le moment de foncer à plein ballons ! Les plus téméraires descendent sur des sacs poubelle, les plus traditionnels sur des luges en bois. Heureusement que l'endroit offre l'espace nécessaire pour s'éclater dans la neige et laisse à chacun sa place pour descendre à sa vitesse et selon ses envies. Une piste de luge berlinoise pour plaisirs hivernaux en famille.
La plus longue piste de luge de Berlin: Hahneberg
Hahneberg, ce n'est certes pas la porte à côté. Avec le S-Bahn, il vous faudra une trentaine de minutes pour arriver sur les lieux à partir du centre de Berlin. Mais quel plaisir de se retrouver au milieu de la forêt berlinoise, loin de la folie de la ville ! La colline Hahneberg, haute de 87 mètres, est située dans une zone de loisirs. Vous y trouverez l'une des plus longues pistes de luge de Berlin: sur près d'un demi-kilomètre, un sentier fait le tour de la colline. La pente n'est pas trop raide, il est possible de prendre un peu de vitesse sans céder à la folie des grandeurs. A proximité est aménagée une piste plus petite pour les jeunes enfants. Pratique.
La piste de luge la plus gemütlich: Viktoria Park
C'est à la croix dressée sur le mont Viktoria que Kreuzberg doit son nom. C'est aussi là que vont toutes les familles berlinoises des alentours pour profiter de la neige fraîche. Si Viktoria Park n'est pas la piste de luge la plus folle de tout Berlin, sa pente modérée et très large est parfaite pour accueillir les débutants (et les maladroits). Pour ceux qui prendraient trop de vitesse (on ne sait jamais, le Kustcher Gulasch du midi est peut-être trop lourd) les lanternes en bas de pente sont entourées de sac de feuilles pour amortir des arrivées trop rapides ou mal négociées Et si le froid vous prend, vous pourrez vous réchauffer au stand de thé installé au pied de la piste.
Et vous, quels sont vos spots de luge préférés de Berlin?
Pas besoin de redonder sur le Berghain. Que dire qui n’est pas déjà été énoncé mille fois auparavant ? Meilleur club du monde (« et sûrement de l’univers » vous déclareront, sur le ton entendu de la vérité générale, vos amis berlinois), temple dédié à la musique, ode de tôle et de métal ondulant aux sonorités de brutales vibes électroniques, Eglise de la Sainte Techno… Bref, le lieu déchaîne les passions et attise les fantasmes les plus fantasques. Bien entendu, en disciple disciplinée de Saint Thomas, vous ne croyez que ce que vous voyez, et avez donc rechigné à courber l’échine devant ce sanctuaire tout droit sorti de l’ère soviétique. Néanmoins, vous êtes venue, vous avez vu, et avouez-le : vous avez été vaincue. Telle une brebis égarée, vous vous êtes finalement prosternée devant la flagrance d’une révélation divine : le Berghain, ça déchire sa mère.
Cependant, et à moins d’être born and raised à Berlin, d’avoir donc le clubbing comme deuxième nature, le cœur accordé aux beats crachés par les murs d’enceints et une capacité d’endurance défiant les lois de la physique, pénétrer dans le Saint des Saints de la boîte de nuit peut requérir quelques ajustements personnels. Prenons un exemple. Disons que l’on vous a proposé un vrai « dimanche berlinois » : aller au Berghain, un dimanche (oui oui, répétons-le), à onze heures. Du matin. L’expérience, que vous pouvez qualifier de « quelque peu extrême » sans rougir ou craindre d’être traitée de topette (enfin… vous dîtes « extrême », le Berlinois de base dira « cool, j’avais rien prévu aujourd’hui ») mérite quelques précautions. Disons donc que vous acceptez. Voici un petit guide non exhaustif à perpétuellement compléter des bizarreries, drôleries et autres mots en –rie que vous pourrez rencontrer au Berghain.
L'art de kiffer la vibe au Berghain
Petit aparté : il est, selon le point de vue, drôle (signe que vous vous habituez de mieux en mieux à la culture berlinoise) ou très alarmant (quant à l’état de votre santé mentale), qu’à aucun moment précédant le dimanche fatidique, votre cerveau ne vous ai confrontée à la véritable nature de cette entreprise. Et ce n’est que quand vous serez tirée du lit à 9h du matin que cette évidente question s’imposera enfin à votre réflexion : comment est-ce que vous lever le jour du Seigneur pour vous rendre dans ce panthéon décadent et être entourée de junkies ou de gros mecs sous testostérones (et autres), comment donc ceci a pu vous sembler être une bonne idée ?
La file d’attente
Aaah la sacrosainte file d’attente du Berghain… L’avantage de vous y rendre un dimanche midi, comme ne manquera pas de vous le rappeler votre hôte/boyfriend/whatever, c’est qu’il n’y a (habituellement) pas (trop) de queue (remarque à laquelle vous pouvez répondre par un regard soit émerveillé, soit désespéré, soit exaspéré, au choix). En temps « normal », comptez donc une bonne demi-heure d’attente à trembler de froid et de peur de vous voir refuser l’accès (se faire recaler après trente minutes de trime par -5 degrés… No comment). Car le Berghain n’a pas la réputation de laisser n’importe quelles ouailles fouler son asphalte.
Le Berghain sous acide
L’entrée du club
Les clubs berlinois, au contraire de beaucoup des boites parisiennes dont la pédanterie n’est plus à prouver et appliquant des critères d’élection d’une injustice à la limite de la légalité, n’ont pas pour habitude de sélectionner leur clientèle ; en somme tout le monde est bienvenu, à moins d’être vraiment trop soul, vraiment trop raide, ou vraiment trop les deux. Exception faite du Berghain. Le lieu est en effet présumé opérer une sélection drastique à son entrée, acceptée par tous : on est le meilleur club de l’univers et de Navarre ou on ne l’est pas. Forcément, la première fois que vous avez arpenté la zone industrielle désaffectée vous conduisant à l’Olympe a été l’occasion de vous lancer dans une féroce diatribe, votre hôte/boyfriend/whatever tentant de justifier cette politique. Car si vous êtes de Paris, vous avez sûrement déjà eu l’opportunité de vous confronter à la bêtise crasse du genre humain « physio » (l’occasion de placer ce genre de délicatesse dans la conversation : « mais mec redescends sur terre, bordel : t’es physio ! Ce n’est même pas un vrai métier, c’est une démonstration de force pathétique. T’as des comptes à régler avec ta mère ? Ton papa t’aimait un peu trop ? T’es eunuque ? »). Alors merde, vous n’avez pas déménagé pour être soumise aux mêmes conneries, ha ça non merci hein ! Le flegme allemand prenant quasiment toujours le pas sur l’exaspération, votre hôte/boyfriend/whatever vous répondra simplement, dans un haussement d’épaules où se lira néanmoins une pointe d’énervement, que ce-n’est-pas-la-même-chose-maintenant-tu-te-tais-on-est-à-l’entrée-s’il-te-plait-bordel. Et il aura pleinement raison.
Flyer du Berghain. Ca donne le ton.
Tout d’abord, relativisons le caractère draconien de la sélection ; ce n’est pas le VIP Room, les Planches et autres trous où les fioritures du lieu en cachent mal la vacuité malodorante. En gros, vous n’allez pas vous faire recaler parce que : « désolé mec, mais ici on n’aime ni les noirs, ni les arabes, ni les jaunes, ni le reste ». Et bien que vous soyez généralement contre toute forme de sélection, vous devez néanmoins vous incliner devant la logique d’élection des Hell’s Angels du Berghain. Cette logique, vous ne pouvez rationnellement la décrire et l’expliquer – les voix des Seigneurs sont impénétrables – mais son caractère implacable ne la rend pas pour autant injuste, inéquitable ou discriminante. Preuve que ce dogme fonctionne, la légendaire atmosphère du club parle d’elle-même : everything is about love. Une technique imparable pour, tel l’Eternel, briser les Portes d’Airain (à part apprendre quelques rudiments d’allemand (parce que bon on est à Berlin, et qu’on n’aime toujours pas ces « dzalopeuries de tourisstes »), et ne pas se pointer à vingt-cinq)? Etre vous-même. Cela devrait vous plaire, particulièrement si le temps passé en Angleterre vous a donné pour habitude d’aller clubber en pyjama, ou si vous n’êtes pas fan des trois heures de préparation nécessaires pour espérer entrer dans un endroit décent sur Paname. Enfin, être vous-même ne fonctionne que si vous êtes, bien entendu, quelqu’un de cool ; si vous transpirez la tête de lard, ça ne marchera pas : les Cerbères berlinois ont un flair internationalement encensé pour humer le connard. Et c’est avec un peu de surprise et beaucoup d’amusement que vous verrez une bande de minettes plus pimpées que des Mercedes volées se faire recaler manu militari. Ce n’est pas à coup de talons défiant les lois de la relativité, de maquillage à la truelle, de jupes inexistantes et de regards aguicheurs, ou de pantalon à pince, pull Eden Park noué sur une chemise Ralph Lauren et une coupe de cheveu estampillée « Auteuil Neuilly Passy tel est notre ghetto » que cet imposant sanctuaire vous sera ouvert, bien au contraire. Ne sur jouez pas. D’une certaine façon, le Berghain, c’est un peu comme Mac Donald : « venez comme vous êtes ».
Les toilettes de la mort
Un conseil : si vous venez d’entrer dans le club (en d’autre termes : si vous êtes décemment sobre), et que vous vous demandez toujours ce que vous foutez dans un endroit pareil un dimanche à une heure de l’après-midi, fuyez les toilettes. Pour votre Salut. Le mieux serait sans aucun doute de ne jamais y mettre l’orteil, mais les lois de la biologie/physique-quantique/astronomie sont contre vous. Tout d’abord, il apparaît difficile de passer neuf heures sans devoir éventuellement se soulager (neuf heures, absolument : si vous accompagnez des Berlinois, n’espérez même pas quitter le Berghain avant. Et encore, neuf heures, c’est parce que vous aurez supplié, proposé une récompense en nature, menacé de faire un scandale (par exemple, de la rejouer « le mangeur de visage de L.A. » sur le DJ du Panorama Bar (la salle « topette » du Berghain, pour ceux qui ne connaîtraient pas) dont vous n’appréciez de toute façon pas la musique. En conclusion, on racontera sûrement qu’à l’instar de votre modèle, vous avez dû trop ingurgiter de substances illicites, « et voilà le résultat, ras le bol de ces dzalopeuries de tourissstes qui ne savent pas se tenir »), et fait semblant de vous évanouir (ou vous êtes vraiment évanouie. L’extase mystique ou l’alcool, on ne sait plus trop)). Ensuite, vous trouvez au paradis des clubs vous obligera à supporter une chaleur infernale ; vous allez devoir vous hydrater. Et puis bon, le Jäggermeister est à 5 euros.
L'entrée des toilettes?
Donc, et ce malgré les efforts herculéens déployés par votre périnée, vous voici aux toilettes. Après avoir poirotée un temps incommensurable, ça y’est, la cabine d’en face s’ouvre enfin ; pour laisser sortir une bonne dizaine de personnes. Vous ne vous posez même pas de question (vous avez dépassé ce cape il y treize minutes), vous vous ruez à l’intérieur. Et là, c’est le drame. Si vous avez vu Trainspotting, figurez-vous la scène des toilettes/de l’opium : vous aurez une description assez exacte du spectacle qui s’offre à vos yeux. D’où la nécessité absolue (à ce stade, invoquer Emmanuel et son impératif catégorique ne vous apparaît même plus excessif) d’être résolument soûle quand vous devrez vous rendre aufs Klo. Car sinon, répétons-le, à vous le remake de la Divine Comédie et de la traversée des neufs cercles de l’Enfer. Vous aurez envie de vomir, mais vous vous retiendrez car la simple éventualité de devoir rapprocher votre visage du trou des chiottes ou du sol vous dégoûtera à un point encore plus extrême que le fait de devoir ravaler votre petit-déjeuner. N’espérez même pas trouver du papier non utilisé. Votre corps devra être capable des pires contorsions pour espérer ressortir immaculé de cette épreuve. Et votre situation (en plus de votre numéro d’équilibriste) vous donnera sûrement envie de pleurer (« mais qu’est-ce que je fous ici dans ces chiottes abominables, un dimanche matin ??? Dieu, Bouddha, Maman, je veux rentrer !! »). Contre le Mal, Dionysos demeure votre plus précieux allié : si par mésaventure vous deviez vous rendre aux toilettes, allez y plus soûle qu’un irlandais en fin de Saint Patrick. Votre vision trouble ne percevra pas l’horreur du décor, et votre bonhomie naturelle grandement alimentée par la liqueur ne s’émouvra même pas
d’éventuellement devoir récupérer votre portable dans le trou
de voir un mec s’enfoncer une bouteille dans l’anus au-dessus de l’évier où vous vous apprêtiez à boire ; ça vous fera rire, et vous vous extasierez même quelques secondes sur le spectacle (pas trop longtemps non plus car votre bon sens pourrait revenir au galop).
La galerie photo
Certes, on n’y entre a priori pas comme dans un musé, mais le Berghain s’avère être un endroit assez remarquable, et disons-le, beau. Après tout, vous avez minimalement neuf heures à y passer, admirez donc comme la tôle industrielle de la façade trouvent de nombreux contrastes dans la lumière tamisée, les fleurs ornant les comptoirs ou les moulures de certains murs. Appréciez le bar non-fumeur, son allure de marbre et sa balançoire géante. Traînez autour du Panorama Bar, écroulez-vous sur les commodités de la conversation dissimulées dans les nombreuses alcôves. Bref, avant de partir assurez-vous d’avoir bien visité le club dans son ensemble (à part les Darkrooms. Ou alors c’est en votre âme et conscience et vous ne pourrez-vous en prendre qu’à vous-même si ça tourne mal), et particulièrement les sorties de secours. L’escalier est en effet orné de photographies noir et blanc prise par très talentueux M. Marquardt, qui s’avère être également le « physio » du Berghain, dont le visage tatoué et le sens de la sélection ont contribué à construire la légende du club.
Voilà pour aujourd’hui. Les anecdotes « très-drôles-sur-le-moment-mais-carrément-glauques-en-y-repensant » viendront plus tard, nous ne voudrions pas vous effrayer tout de suite. Le Berghain déploie un univers unique, où beauté et trash se mêlent jusqu’à se confondre. S’y perdre sans modération. Julie de la Team Frenchie- retrouvez moi aussi sur facebook !
Quitte à aller en Allemagne, ce serait dommage de passer à côté de la gastronomie allemande. Oui, j'ai bien dit: gastronomie allemande ! Côtes de porc, patates, jarret de porc, saucisses de toute sorte, bières pour tous les goûts... la cuisine allemande est riche de saveurs à découvrir. Berlin, connue pour être un mélange de toutes les cuisines du monde, propose aussi des restaurants à la carte spécialement allemande. Portions copieuses et petits prix, vous allez vous régaler pour sûr !
Tiergarten Quelle: bon et pas cher
Une chouette expérience, surprenante dans un quartier aussi désert. Situé sous le S-Bahn à la station Tiergarten, ce restaurant berlinois ne paye pas de mine. Pourtant, Tiergarten Quelle est le bon endroit pour apprivoiser et découvrir la gastronomie allemande à petit prix. Bercé par le roulement des rames de métro passant au-dessus de votre tête, vous pouvez manger un copieux repas berlinois assis sur des chaises rustiques en bois ou enfoncé dans un fauteuil. Les portions servies sont gargantuesques; prendre un plat pour deux semble très raisonnable, en plus de diviser la note par deux. Du jarret de porc aux Schnitzels, les plats restent en dessous de 10 euros et la carte des bières est longue comme le bras!
Wirtshaus Max und Moritz: authentiquement berlinois
Un restaurant berlinois authentique, un vrai de vrai. L'auberge berlinoise Max und Moritz n'a pas changé depuis son ouverture en 1902 (mis à part une rénovation en 2011), et vous y retrouverez des meubles anciens, de magnifiques reliefs muraux, des carreaux finement peints, des vitraux, des pièces d'orfèvrerie et de nombreux détails typiques de l'Art Nouveau. Un témoignage vivant de l'histoire allemande. Et pour compléter, les plats sont copieux et de la bière délicieuse, et l'ambiance rustique est souvent accompagnée de musiques allemandes traditionnelles.
Petit (gros) plus: le menu est disponible en anglais et en français. Vous pourrez enfin décrypter le contenu ésotérique du Rippenspeer nach Art des Fleischers Cassel ou du Kutscher Gulasch (à vos souhaits!) Cela compensera le fait que vous ne pouvez pas payer par carte bancaire...
Heures d'ouverture: lundi à Dimanche à partir de 17:00 heures Adresse: Oranienstrasse 162, 10 969 Berlin (Kreuzberg) Téléphone: +49 (0)30 69 51 59 11
Maximilian's im Kontorhaus: bavarois mais touristique
Le Maximilian's est un des restaurants allemands les plus touristiques de la capitale. Et pour cause: situé dans Berlin Mitte, près de Gendarmenmarkt et à deux pas de Unter den Linden, cette brasserie allemande, avec ses murs sombres, ses tables en bois, et ses bancs avec coussins en cuir, propose des plats copieux bavarois dans une atmosphère très pittoresque: côtes de porc accompagnées de boulettes et choucroute, saucisses de veau à la moutarde douce, pain de viande bavarois accompagné de salade de pommes de terre... Le Schweinaxe et la Weisswurs valent le détour ! Une pause déjeuner bienvenue après des heures de marche à visiter Berlin. En été, le Biergarten dans la cour est un lieu de rencontre pour les amateurs de bonne bière, les touristes et les hommes d'affaires des bureaux alentours. Et, brasserie bavaroise oblige, le Maximilian's fête l'Oktoberfest (en octobre du coup) à grand renfort de bières traditionnelles.
Heures d'ouverture: tous les jours de 11:00 à minuit